Après le spectaculaire rebondissement dans l'affaire DSK, plusieurs socialistes, dont des fidèles de Dominique Strauss-Kahn, ont contre-attaqué dimanche en évoquant de possibles "connexions" politiques dans cette affaire, voire un "attentat" contre l'ex-patron du FMI. Des allégations balayées par le Sofitel, l'hôtel new-yorkais où a commencé l'affaire.
"Tout n'est pas clair"
"Tout n'est pas clair dans le comportement des dirigeants du Sofitel et du groupe Accor et il peut y avoir eu des connexions entre le groupe Accor avant et après l'affaire et peut-être certaines officines françaises", a lancé François Loncle dimanche matin. Le socialiste a assuré sur Europe 1 que "le timing est important pour savoir si l'Elysée a été prévenu avant Dominique Strauss-Kahn lui-même".
"Je n'accuse absolument personne. Je ne pense pas que ce soit à un haut niveau de responsabilités politiques" qu'il puisse y avoir des connexions, "je pense qu'il y a quelque chose qui s'est passé entre Paris et New York", a-t-il ajouté. Pour autant, a-t-il assuré, il "ne pense pas" qu’un complot soit possible. "Mais le meilleur moyen de le savoir c’est d’enquêter", a ajouté François Loncle.
"Un attentat politique"
Michèle Sabban, la vice-présidente PS du Conseil régional d'Ile-de-France, a elle estimé que l'affaire DSK constituait "un attentat politique". Parlant à nouveau de "manipulation", elle a jugé qu'il fallait "regarder l'attitude de la direction du Sofitel parce qu'il y a quand même quelque chose qui ne va pas" avec notamment le directeur de l'hôtel qui "a pris le temps aussi pour appeler Paris".
"Le commissaire de police de New York qui a été décoré, je crois, de la Légion d'honneur par Nicolas Sarkozy il y a peu de temps. Comment un commissaire de quartier ne prévient pas ses hautes autorités qu'une personnalité internationale est apparemment accusée d'un fait grave ? Comment expliquez-vous que deux jours avant l'audience surprise de DSK, l'inspectrice spécialisée dans les crimes sexuels a démissionné ? Comment vous expliquez tout ça ? Il y a beaucoup de choses qui restent sans réponse", a lâché Michèle Sabban.
Nafissatou Diallo "a-t-elle pu agir seule ?"
Le député PS Jean-Marie Le Guen, un autre proche de DSK, dit n'avoir "aucune information particulière" mais "se demande si cette pauvre fille (Nafissatou Diallo) a vraiment pu agir toute seule". "Je pense que le procureur de New York va être obligé de mener de façon très intense les investigations. On a du mal à imaginer que la police de New York ait pu être manipulée par cette jeune femme !", a-t-il dit.
"On va de choc en choc, de sidération en sidération. On peut se demander comment la justice a fait preuve d'une telle sévérité sur la base d'éléments aujourd'hui remis en cause. Mais il faut se garder d'échafauder des hypothèses...", a réagi, plus prudente, Marisol Touraine, autre députée strauss-kahnienne.
"Piège plutôt que complot"
Même prudence du côté de Pierre Moscovici. Le député PS a dit dimanche avoir "toujours refusé toutes les thèses du complot". "Je préfère parler de piège plutôt que de complot", a-t-il déclaré. Le lieutenant de DSK a néanmoins souligné qu'il faudrait, "après que cette affaire se soit dénouée, se poser un certain nombre de questions", et s'interroger notamment sur "le rôle de la chaîne Accor, de la direction de l'hôtel" Sofitel de Manhattan. "Un certain nombre de questions devront être posées", a-t-il insisté, "mais faites confiance pour le coup aux médias américains !"
Des informations "sans fondement" et "diffamatoires"
De son côté, la direction du Sofitel réfute toute ces accusations. "Les dirigeants du groupe Accor démentent formellement les allégations proférées à leur encontre, laissant entendre qu’ils seraient intervenus d’une quelconque manière dans le déroulement et le traitement de cette affaire", précise le groupe dans un communiqué. "Ces informations sont sans fondement et pourraient être considérées comme diffamatoires", peut-on également lire.
Claude Guéant a qualifié de "scandaleux" les propos des artisans de Dominique Strauss-Kahn évoquant des liens entre Accor et des "officines" françaises. "M. Loncle, Mme Sabban procèdent par insinuations, ils n'affirment pas", a estimé le ministre de l'Intérieur lundi sur france 2. "Ou bien M. Loncle a des accusations à porter et il saisit la justice, ou bien il se tait. Ces accusations sont odieuses."
Selon des sources proches du dossier, l'Elysée a été prévenu de l'arrestation de DSK vers minuit - soit une heure après les faits -, par la direction du groupe Accor, elle-même alertée par celle du Sofitel de New York. La direction du Sofitel de New York a prévenu vers 23H45 (heure de Paris - 16h45 à New York) le groupe Accor, qui a ensuite alerté Ange Mancini, coordonnateur national du renseignement à la présidence de la République, selon une première source proche du dossier. La cellule de crise d'Accor a été prévenue par la direction du Sofitel de New York après que DSK a été arrêté par la police new-yorkaise et le groupe a alerté l'Elysée aux alentours de minuit (heure de Paris), selon une autre source proche du dossier.