Bayern Munich : le "désastre" Uli Hoeness

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PORTRAIT - Le patron du Bayern Munich est poursuivi pour une vaste fraude fiscale. Son sort divise l'Allemagne.

L’INFO. Le coup de théâtre a été total. Lors de la première journée de son procès dans une affaire de comptes cachés en Suisse, le vénéré président du Bayern de Münich a avoué lundi avoir fraudé non pas 3,5 millions d’euros, comme le lui reproche la justice, mais 18,5 millions. Mais cette la révélation surprise n’a pas empêché ses fans de lui témoigner son soutien : l’Allemagne peut-elle mettre fin au règne d’Uli Hoeness ?

Le prix de l’arrogance. Preuve que l’affaire passionne l’Allemagne, de nombreux journaux font leur une sur cette première journée d’audiences.

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© Capture d'écran / Bild

Le très sérieux Die Welt propose à ses lecteurs de placer leur curseur. Entre "Hoeness mérite la prison" (il risque 10 ans) et "une peine avec sursis suffira" et puis "les impôts sont trop élevés en Allemagne" et "les impôts sont raisonnables", le lectorat du journal conservateur a choisi son camp : les lecteurs-juges estiment qu’il mérite la prison en penchant vers le côté "trop élevé", pour les impôts.

Des sommets aux bas-fonds. Le moralisateur Uli Hoeness paye aujourd’hui le prix de l’arrogance. Die Welt parle d’un "homme qui a perdu beaucoup de son aura d’invincibilité". Pourtant, le président du Bayern avait voulu joué cartes sur table avec le fisc allemand en se dénonçant. "Hoeness s’était voulu honnête. Il ne l’était pas", tranche le Süddeutsche Zeitung.

Depuis les révélations du magazine Focus au mois d’avril, la chute a été dure pour le M. Propre du foot allemand, celui-là même qui jubilait en faisant tomber l’entraîneur du Bayer Leverkusen dans une affaire de cocaïne. Et ne cessait de donner des leçons à la terre entière.

Roi du football et de la saucisse. Car Uli Hoeness n’est pas n’importe qui : attaquant puis milieu offensif légendaire dans les années 70, il remporte trois championnats d'Allemagne avec le Bayern, sans oublier trois coupes d'Europe. Avec la "Mannschaft", il s'offre le championnat d'Europe en 1972, puis la coupe du Monde en 1974. A la fin -précoce- de sa carrière, il devient manager de son club, le plus titré d'Allemagne.

Vainqueur de la Ligue des champions en 2013 en tant que manager, il emmène le Bayern de Münich aux sommets européens. L’intègre président s’était fait le chantre de la critique du "foot business", crachant sur les centaines de millions d’euros dépensés par les clubs espagnols et anglais. Et pour ajouter une couche de popularité, Uli Hoeness a monté une des entreprises les plus prospères dans son domaine : la saucisse. L'homme parfait.

Après l’ultime aveu de Hoeness, cette vie exemplaire semble bien peu de choses. "Un désastre au format Champions League", pour le Süddeutsche Zeitung, qui enchaîne : "Ce n’est plus une faute ; ce n’est plus une débâcle. C’est un désastre."

Sueddeutsche

© Capture d'écran / Süddeutsche Zeitung

Le mea culpa ultime. Le journal bavarois est dur. Le club de foot beaucoup moins. Jusqu’ici, ni l’équipe ni l’administration n’a publiquement critiqué le président du club. Pas même son poulain Ribéry, en qui il n’a pourtant pas cru pour le Ballon d’or. Mais l’attachement persiste pour un président qui "gère son club comme une famille". Certains supporters ont continué, depuis les révélations du mois d’avril, à le soutenir.

Le journal populaire Bild va dans le sens des supporters indéfectibles du club le plus titré du pays. Les aveux de Hoeness sont un "signe qu’il veut tout mettre à plat", qu’il fait son mea culpa ultime. Le journal rappelle que l’ex-attaquant star payait plus de 50 millions d’euros d’impôts les dernières années et qu’il n’a jamais été "un pique-assiette de la société", selon ses propres termes. Quant au fisc allemand, il est "impitoyable". Le Bild a choisi son camp.