Salle comble malgré une arrivée mouvementée pour DSK. Invité vendredi soir par la prestigieuse université de Cambridge pour une conférence sur l'état de l'économie mondiale, l'ancien patron du FMI s'est exprimé devant des centaines d'étudiants tirés au sort, en raison de l’affluence. Cependant, sa venue ne faisait pas l'unanimité, à tel point que Dominique Strauss-Kahn, arrivé sous les protestations, a dû être évacué rapidement dans une voiture de police pour échapper à des manifestants qui l'attendaient à la sortie .
Échauffourées entre pro et anti-DSK
Le comité d'accueil était composé de près de 200 étudiants scandant "DSK va t'en, justice pour Diallo", en soutien à la femme de chambre du Sofitel qui l'accuse d'agression sexuelle. Quelques échauffourées ont opposé la police et les manifestants. Certains protestataires déchiraient une pancarte revendiquant "Laissez DSK parler" quand d'autres criaient "honte à toi, honte à toi !". Certains ont également tenté d'escalader les barrières métalliques entourant les locaux de l'université. Deux personnes ont été interpellées.
Cette manifestation à l'encontre de la venue de l'ex-directeur du FMI, avait été programmée par la section femmes du syndicat étudiant CUSU. Une "contre-réunion" autour du droit des femmes et de la violence sexuelle était également prévue.
"La réalité est que j'ai passé une semaine en prison"
Vers 20h30, l'économiste a fait son entrée, sans un mot, par une porte latérale des locaux de l'établissement, sous la protection des gardes de sécurité, qui éloignaient les photographes. L'ancien ministre n'a pas pu échapper aux questions d'un étudiant qui lui a demandé de s'expliquer sur l'affaire du Sofitel. "La réalité est que j'ai passé une semaine en prison. Il n'y a pas eu de poursuites", a rappelé Strauss-Kahn.
Et alors que le bruit des manifestants se faisait entendre à l'intérieur des locaux, DSK a à leur propos affirmé en anglais : "ils font ce qu'ils veulent, je pense qu'ils ont tort", a raconté un étudiant présent.
Retour médiatique de l'avocat de Nafissatou Diallo
Peu de temps avant la conférence, l'avocat de Nafissatou Diallo, invité par des étudiantes féministes, avait jugé la présence de DSK à Cambridge semblable à un "affront". Douglas Wigdor a aussi lu une lettre envoyée par Tristane Banon. A trois semaines de la première audience au civil à New York, dans l'affaire du Sofitel, l'avocat de la femme de chambre s'est fendu d'un long laïus sur la présence inopportune de DSK, au lendemain de la journée de la femme.
"Voici l'homme à qui la Cambridge Union donne la parole aujourd'hui. Un homme qui a profité de son pouvoir pour agresser sexuellement une femme, et qui est maintenant embourbé dans une affaire de prostitution. Il est triste de voir que la Cambridge Union offre une telle tribune à Strauss-Kahn pour mener sa campagne de réhabilitation et pour reconstruire sa réputation. Et ce, malgré son comportement déplorable", a-t-il proclamé.
A la sortie de DSK, les manifestants ont tenté d'escalader une grille d'une vingtaine de mètres gardée par des policiers et des membres des services de sécurité. Des pancartes ont été lancées sur la voiture de Dominique Strauss-Kahn et des bousculades se sont produites avec les services d'ordre.