Espagne : le tableau ravagé a ses fans

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Alcyone Wemaere, avec AFP , modifié à
Une pétition, au succès inattendu, demande le maintien en l'état du portrait du Christ "défiguré".

Qui l'eut crû ? Alors que la "restauration" désastreuse d'un portrait du Christ par une octogénaire espagnole a fait le tour du Web suscitant les moqueries des internautes, l'œuvre massacrée bénéficie d'un élan de soutien inattendu. Une pétition a, même, été mise en ligne par un certain Javier Domingo. Son objet ? Demander à la mairie locale de Borja - la commune sur laquelle se trouve l'église qui abritait le tableau – de conserver en l'état la nouvelle version de l'Ecce Homo.

Vendredi, plus de 10.000 personnes avaient déjà signé la pétition alors que la ville compte restaurer la peinture dans sa version d'origine. Auparavant, une équipe de restaurateurs, professionnels cette fois, doit évaluer si la peinture originale peut être récupérée.

"Une critique subtile des théories créationnistes de l'Eglise"

Second degré ou pas, le texte fait, en tout cas, valoir que l'intervention de l'artiste "est un reflet intelligent de la situation politique et sociale de notre temps" et "une critique subtile des théories créationnistes de l'Eglise". Le style de l'artiste est carrément comparé aux oeuvres de Goya, Munch ou Modigliani.

Un signataire de la pétition soulignait ainsi que "l'œuvre réunit presque toutes les tendances d'avant-garde d'un seul coup. En plus, en moins de 24 heures, elle a fait le tour du monde. Quelque chose doit être préservé. Sans aucun doute."

A la télévision publique espagnole, la vieille dame a elle assuré que "le prêtre savait" ce qu'elle faisait et que "tout le monde qui venait dans l'église me voyait peindre". Elle a dit être une artiste accomplie, ayant déjà "vendu 40 cadres" lors d'une exposition.

La petite-fille de l'auteur de la peinture originale, Teresa Garcia, a de son côté reconnu à la télévision que Cecilia Gimenez était déjà intervenue sur l'oeuvre, mais "jusqu'à présent la seule chose qu'elle avait touchée, c'était la tunique" du Christ. "Le problème maintenant c'est qu'elle s'est occupée de la tête et évidemment, elle a détruit la peinture", a-t-elle regretté.

La "restauration" continue en tout cas d'amuser sur les réseaux sociaux : sur Facebook, un groupe invite ainsi les internautes au détournement de l'oeuvre. Le groupe compte déjà plus de 3.000 membres.

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