L’INFO. Pendant une dizaine d’années, ses mensonges grossiers n’ont fait tiquer personne. John C. Beale, 65 ans, expert du changement climatique au sein de l’Agence de protection environnementale américaine (EPA), a réussi à berner son employeur en assurant, notamment, qu’il partait en mission au Pakistan pour la CIA. Alors qu’il était en réalité en train de se la couler douce dans sa maison de vacances. Jugé mercredi pour avoir escroqué des centaines de milliers de dollars à l’État américain, il risque au moins trente mois de prison, selon NBC News.
L’employé le mieux payé de l’agence. John C. Beale, diplômé de Princeton et expert au sein de l’EPA, à participé à la rédaction d’une loi sur la pollution de l’air en 1990, ainsi qu’à plusieurs conférences internationales sur le changement climatique. Avec un salaire de 206.000 dollars par an à la fin de sa carrière, il était l’employé le mieux payé de l’agence et gagnait même plus que sa propre patronne.
Des fausses missions pour la CIA... Mais à partir de 2000, John C. Beale multiplie les absences, longues à chaque fois de plusieurs mois. Son excuse ? L’expert climatique assure qu’il est en mission pour la CIA, au Pakistan ou au siège de l’agence. Un jour, il assure même qu’il doit se rendre d’urgence au Pakistan, car les Talibans sont en train de torturer l’agent chargé de le remplacer. En réalité, John C. Beale passe tout ce temps dans sa résidence secondaire de Cape Cod, sur la côte est américaine, à lire, faire du vélo ou s’occuper de sa maison. Quant à la CIA, elle n’a jamais entendu parler de ce drôle d’oiseau.
… une maladie inventée pour une place de parking... John C. Beale, qui a reconnu les faits et a plaidé coupable en septembre dernier, doit aussi 266.000 dollars à l’État américain. Sur les deniers publics, il se payait en effet des locations de limousines, des chambres d’hôtels cinq étoiles et des voyages en avion, dont certains pour aller voir ses parents en Californie, le tout en première classe, évidemment. Imaginatif, il s’était aussi inventé un passé de soldat au Vietnam, où il aurait contracté la malaria, afin d’obtenir une place handicapée sur le parking de l’EPA, rapporte The Independent. Sauf que John C. Beale n’a jamais eu la malaria, et n’a d’ailleurs jamais servi dans les rangs de l’armée américaine.
… et un départ à la retraite mis en scène. C’est sa dernière "trouvaille" qui a précipité sa chute, quand il a mis en scène un faux départ à la retraite. John C. Beale s’était organisé une petite fête de départ, à laquelle la patronne de l’agence a assisté. Sauf qu’en réalité, il figurait toujours dans les registres de l’agence et a continué à percevoir son salaire de 206.000 dollars par mois pendant 18 mois. En mars 2012, six mois après avoir assisté au pot de départ à la retraite de son employé, sa patronne découvre qu’il figure toujours au registre du personnel et continue à percevoir sa paie. Elle lance l’alerte, mais l’enquête n’est véritablement ouverte qu’en février 2013. Apprenant qu’il est dans le viseur des enquêteurs, Beale prend sa retraite deux mois plus tard.
Des dysfonctionnements au sein de l’EPA. Enferré dans ses mensonges, le sexagénaire a commencé par affirmer aux enquêteurs qu’il ne pouvait pas parler de ses missions pour la CIA, allant jusqu’à expliquer à ses anciens collègues qu’il était prêt à "prendre pour les autres". Il a tout de même fini par admettre la vérité, sans montrer beaucoup de remords, et a plaidé coupable lors d’une première audience en septembre. Il sera fixé sur son sort mercredi. Mais au-delà de la seule supercherie de l’expert, le cas de Beale met aussi en lumière des dysfonctionnements au sein de l’EPA. Deux commissions du Congrès ont été chargées déterminer comment les mensonges de Beale ont pu passer inaperçu, et comment ses supérieurs ont pu lui faire confiance aussi aveuglément pendant si longtemps.