Faut-il s'inquiéter de l'épidémie d'Ebola ?

Un scientifique analyse des échantillons susceptibles d'être infectés par l'Ebola
Un scientifique analyse des échantillons susceptibles d'être infectés par l'Ebola © Reuters
  • Copié
, modifié à
ÉPIDÉMIE - Deux pays voisins de la Guinée ont repéré des cas suspects. Pour les experts, la priorité absolue est d'endiguer la propagation.

L'INFO. L'Afrique de l'Ouest est en état d'alerte. 61 personnes sont déjà mortes. Le virus Ebola en Guinée est suspecté d'avoir infecté 87 personnes. 13 cas sont certains. A présent, la Sierra Leone et le Liberia suspectent des cas sur leur territoire. Et c'est toute la région qui s'inquiète.

Le virus aux frontières. L'épidémie s'est déclarée dans des régions du sud de la Guinée, proches des frontières avec la Côte d'Ivoire, le Liberia et la Sierra Leone, où six et deux cas sont respectivement suspectés. Aujourd’hui, la bataille fait rage pour tenter d'éviter la propagation du virus dans toute cette région. 

Voir en plein écran

La priorité : identifier les malades. Ce virus extrêmement contagieux est un des plus mortels du monde, tuant 90 % des personnes infectées. Il n'existe aucun vaccin ni aucun remède pour l'Ebola. Empêcher que l'épidémie ne s'exporte hors des frontières guinéennes est donc essentiel pour les autorités sanitaires d'Afrique de l'Ouest. 

Selon Marie-Christine Ferir, responsable des situations de crise de Médecins sans frontières (MSF), l'épidémie se répand surtout en raison de "gens qui viennent du même endroit et qui voyagent. Ils ne savent pas nécessairement qu'ils sont malades, ou bien ils bougent pour trouver un soin plus sophistiqué ailleurs", afin d'être mieux pris en charge.

D’après MSF, qui dispose en Guinée d'une équipe d'une trentaine de personnes, "la priorité, c'est d'identifier les personnes ayant été en contact avec les cas suspects ou confirmés, pour les suivre et les isoler si elles présentent des symptômes".

>> LIRE AUSSI : Ebola, le virus qui inquiète la Guinée

Pas de frontières pour les animaux. Les pays ayant une frontière avec la Guinée, dont le Mali, le Sénégal, la Sierra Leone et la Côte d'Ivoire, ont de leur côté réactivé leurs systèmes de surveillance épidémiologique. "Nous sommes inquiets. La maladie peut facilement voyager. Les animaux (qui véhiculent le virus, ndlr.) ne connaissent pas de frontière", a observé Simplice Dagnan, le directeur général de l'Institut national d'hygiène publique de Côte d'Ivoire.

En Afrique, l'infection a été constatée après la manipulation de chimpanzés, de gorilles, de chauves-souris, de singes, d'antilopes des bois et de porcs-épics retrouvés morts ou infectés dans la forêt tropicale, selon les autorités ivoiriennes. Le virus se propage ensuite entre les personnes, à la suite de contacts directs avec le sang, les sécrétions, les organes ou les liquides biologiques de malades infectés.

Virus de l'Ebola

Le seul moyen de lutter contre la propagation de l'épidémie est lié à la prévention, à l'information des populations et au confinement des malades, ce à quoi travaillent activement le ministère guinéen de la Santé et les organisations internationales. Marie-Christine Ferir, de MSF, souligne qu'il "faut faire attention aux rites funéraires, où l'on touche traditionnellement les corps. Il faut donc prendre des précautions particulières, tout en essayant de respecter les coutumes."

Le virus peut-il aller au-delà de l'Afrique ? Très fragile mais extrêmement contagieux, le virus Ebola voyage sur des courtes distances. Un cas semblait avoir été repéré au Canada, mais les autorités sanitaires du pays ont déclaré que "le test (pour l'Ebola, ndlr.) est négatif ». Comme l'expliquait Jean-François Lemoine, spécialiste santé d'Europe 1, le virus "meurt très vite si la propagation s'arrête".

Mais les craintes ne s'arrêtent pas là. "Mais les virus aiment bien se marier les uns avec les autres", explique Jean-François Lemoine. "Il existe un virus très moyennement dangereux mais extrêmement voyageur : la grippe. Imaginez que ce voyageur, la grippe, se marie avec le tueur Ebola : leurs enfants seront des tueurs-voyageurs." Le scénario est possible, selon le spécialiste-santé : "Ce n'est pas de la mauvaise science fiction. Souvenez-vous du H1N1 ! Ce n'était rien d'autre qu'un mariage de ce type."

sur-le-meme-sujet-sujet_scalewidth_460

ANALYSE - Pourquoi l'Ebola inquiète la Guinée

EPIDEMIE - La peste fait 39 morts à Madagascar