Les médecins en font-ils trop ? Aux États-Unis, neuf grandes organisations de spécialistes alertent sur le trop grand nombre d'examens médicaux pratiqués et dont certains sont inutiles, quand ils ne sont pas néfastes pour les patients. Et si ces recommandations étaient suivies, le système de santé américain pourrait économiser au passage des centaines de milliards de dollars chaque année.
Dans le viseur des quelque 375.000 médecins spécialisés représentés figurent notamment des électrocardiogrammes réalisés de manière routinière, ou des IRM (Imagerie par résonance magnétique), pratiquées systématiquement quand un patient a mal au dos. Ces spécialistes critiquent aussi la prescription d'antibiotiques pour traiter la sinusite, une maladie qui se guérit pourtant d'elle-même en dix jours.
45 examens visés
En tout, 45 examens, procédures et traitements sont visés. Ces tests inutiles, dont une partie concerne notamment les personnes en fin de vie, représenteraient jusqu'à un tiers des 2.000 milliards de dollars de dépenses de santé annuelles des États-Unis.
Les cancérologues sont invités à réaliser moins de scanners pour les femmes ayant une tumeur précoce du sein, et moins de tests sanguins PSA pour détecter le cancer de la prostate chez les hommes présentant peu de risques de développer une tumeur éventuelle. Quant aux néphrologues, spécialistes des reins, ils sont encouragés à ne pas prescrire de dialyse sans avoir eu une discussion sérieuse avec le patient et sa famille, note le New York Times.
Apprendre à dire "non"
Le quotidien new yorkais explique aussi que certains actes sont prescrits par des médecins soucieux de se protéger en cas d'éventuelles poursuites judiciaires. C'est notamment le cas des scanners réalisés pour les personnes ayant fait un malaise mais n'ayant aucun problème neurologique.
Comme l'explique le docteur Lawrence Kosinski dans le Washington Post, les médecins doivent apprendre à dire "non" à leurs patients, même si c'est difficile. Pour Glen Stream, président de l'Association américaine des médecins de famille, il s'agit même d'un "changement culturel", qui "prendra du temps".