La Grèce s'est lancée dans une chasse à l'homme après la découverte depuis le début de la semaine de 14 colis piégés envoyés aux ambassades étrangères de Grèce mais également adressés aux dirigeants allemand Angela Merkel et italien Silvio Berlusconi. Deux hommes ont déjà été arrêtés et mis en examen pour terrorisme. Par ailleurs, tout envoi de courrier vers des destinations étrangères est suspendu pendant 48 heures depuis mercredi matin.
5 hommes recherchés
Les forces de sécurité grecques sont à la recherche de ceux qui ont adressé ces paquets piégés. La police se focalise sur une série de jeunes, extrémistes présumés de la mouvance anarchiste locale. Le ministre des Affaires étrangères grec Dimitris Droutsas a d'ailleurs assuré mercredi que ceux qui ont envoyé des colis piégés lundi et mardi depuis Athènes n'ont "aucun lien" avec un "groupe terroriste international organisé".
Un appel à témoin a été émis et les photographies de cinq hommes, âgés de 21 à 30 ans et recherchés depuis l'automne 2009 pour leur appartenance présumée au groupe d'obédience anarchiste "Conspiration des cellules de feu", ont ainsi été diffusées.
La piste de ce groupe dans l'affaire des envois piégés avait émergé lundi avec l'arrestation de deux suspects, qui venaient de déposer des colis dans des agences de messagerie express à Athènes. Les deux jeunes Grecs - âgés de 22 et 24 ans et dont l'un recherché pour extrémisme anarchiste - portaient un sac dans lequel se trouvaient deux colis piégés, l'un adressé à Nicolas Sarkozy et l'autre à l'ambassade de Belgique à Athènes.
Entendus par un juge d'instruction jeudi, ils ont refusé de parler, affirmant qu'ils "ne reconnaissaient pas la procédure". Outre "l'appartenance à une organisation criminelle", ils sont accusés d'"actions terroristes" ("détention et usage de bombes et d'explosifs") et de délits tels le refus de déclarer leur identité ou le refus de donner des empreintes digitales. Tous deux ont été placés en détention provisoire dans la prison.
14 colis piégés
Jeudi, un quatorzième colis piégé a été découvert et neutralisé. Il était adressé à l'ambassade de France à Athènes. L'explosif était dissimulé dans un gros livre. Plusieurs autres paquets suspects étaient en cours d'examen dans les locaux d'une entreprise de messagerie située dans le faubourg de Markopoulo.
Mardi, cinq bombes ont été découvertes par la police grecque dans des ambassades étrangères. Une bombe a explosé à l’ambassade de Suisse, dans le centre d’Athènes en Grèce. Selon les premiers éléments de l'enquête, le personnel l'a jetée dans la cour après l'avoir considéré comme suspect. Personne n'a été blessé. Les quatre autres colis suspects, envoyés aux ambassades du Chili, de Russie, de Bulgarie et d'Allemagne ont pu être neutralisés à temps.
Deux colis suspect ont également été interceptés dans la journée. L'unà l'aéroport de Bologne, en Italie, dans la soirée, à destination du président du Conseil Silvio Berlusconi, et l'autre à la chancellerie allemande à Berlin, où il a été neutralisé par la sécurité d'Angela Merkel.
Déjà lundi, un colis piégé avait explosé au siège d'une société de courrier à Athènes. Les artificiers de la police avaient également désamorcé deux autres bombes dissimulées dans des paquets, dont l'un était destiné au président français Nicolas Sarkozy.
Un contexte tendu en Grèce
Ces événements interviennent dans un contexte social tendu en Grèce, à quelques jours d'élections locales cruciales pour le gouvernement socialiste en place, qui a mené un impopulaire programme d'austérité afin de tenter de juguler la dette abyssale du pays. Le Premier ministre Georges Papandreou a condamné mardi les actes de ceux qui "essaient en vain de perturber la paix sociale du pays par des actes criminels" et d'atteindre "l'image de la Grèce à l'étranger à un moment particulièrement difficile".
La police grecque est confrontée à un activisme extrémisme récurrent, imputé à une nébuleuse d'extrême-gauche et anarchiste, à l'origine ces dernières années de dizaines d'attentats, la plupart, sans gravité. Cette mouvance est, entre autres, responsable de l'assassinat à l'arme automatique d'un journaliste grec devant son domicile en juillet dernier. Ces lettres piégées, contenant assez peu d'explosifs, sont la marque de ces groupuscules radicaux proches des mouvements anarchistes.