Cette nouvelle grève de la faim a de quoi embarrasser la Maison-Blanche. Des détenus de Guantanamo ont cessé de s’alimenter depuis sept semaines pour protester contre leur incarcération. Un mouvement "sans précédent" selon les avocats de ces prisonniers, dont le mouvement prend de l’ampleur et dont la durée constitue une première.
Au moins 31 détenus concernés. Les autorités américaines ont dénombré 31 détenus en grève de la faim, un chiffre en augmentation puisqu’ils n’étaient que 26 vendredi dernier. Depuis les premiers chiffres donnés le 11 mars dernier, leur nombre a même plus que triplé. Certains ont perdu jusqu'à vingt kilos. Onze de ces grévistes sont alimentés de force par des tubes insérés dans l’estomac et trois d’entre eux ont été hospitalisés. Mais d’après l’avocat de quinze détenus, le mouvement touche en réalité une majorité des 166 prisonniers du camp. Une délégation de la Croix-Rouge devait se rendre sur place, avec une semaine d’avance sur la date initialement prévue. Tout a commencé le 6 février, lors d’une fouille de "routine". Affirmant que leurs Corans avaient été examinés par les gardiens, les prisonniers dénoncent une "profanation religieuse".
"Cette prison est leur tombe". Sur les 166 détenus de Guantanamo, 89 sont libérables mais aucun pays n’est pour l’instant prêt à les recevoir, explique la RTBF. Pour l’avocat Carlos Warner, qui représente onze détenus, "cela les laisse avec l’idée que la mort est le seul moyen de sortir de Guantanamo". Quant aux autres prisonniers, ils demeurent en dehors de tout cadre légal, sans procès. "Ils ont été arrêtés par hasard, leur vie est foutue, on leur a tout enlevé", estime un autre avocat, insistant sur "l'absolue frustration" dans laquelle ils se trouvent. "Cette prison est leur tombe", juge-t-il.
Obama dans l’embarras. Mercredi, la Maison-Blanche a indiqué qu’elle surveillait "attentivement" cette grève de la faim, ajoutant : "l’administration Obama reste déterminée à fermer ce centre de détention". Le camp de Guantanamo demeure un véritable point noir dans le bilan de Barack Obama : dès le début de son premier mandat, il avait promis sa fermeture. Qui tarde à venir.
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