Les images sont difficilement soutenables. Celles de la dépouille d’Hamza el-Khatib, 13 ans, mort dans les geôles syriennes après vraisemblablement avoir enduré des actes de tortures, et nouvelle icône de la révolution syrienne en proie à une féroce répression. Dans une vidéo postée sur Internet, apparaît le cadavre tuméfié de l’adolescent, portant des traces de brûlures de cigarettes, de coups, d’impacts de balle… "Tous ces actes de torture ne leur ont pas suffi, ils lui ont même coupé le pénis avant de le tuer", entend-on également dans le commentaire en arabe de la vidéo, selon Le Figaro.
Le jeune garçon avait été arrêté le 29 avril dernier en marge d’une manifestation à Deraa, dans le sud-ouest du pays, pour avoir entonné - fredonné selon certains témoins - des chants hostiles au pouvoir. Son corps sans vie n’a été rendu que le 25 mai dernier aux parents, qui ont alors décidé de mettre en ligne la fameuse vidéo.
Vidéo en ligne et groupe Facebook
Et comme souvent au cours des révolutions contemporaines, la déflagration est venue d’Internet. Malgré la surveillance exercée par le régime de Bachar el-Assad, la vidéo a rapidement fait le tour de la Toile. Les militants pro-démocratie ont tout aussi rapidement créé un groupe Facebook ("Nous sommes tous Hamza al-Khatib", rédigé en arabe), qui comptait mercredi à la mi-journée plus de 65.000 membres.
Et désormais, la photo du jeune garçon, sourire aux lèvres, est désormais arborée dans toutes les manifestations contre le pouvoir. Car Hamza al-Khatib est devenu le martyr des insurgés, l’icône de leur lutte à armes inégales contre le régime. Plusieurs milliers de contestataires ont défilé vendredi à al-Giza, la ville d’origine du garçon, à l’occasion de ses funérailles. D’autres rassemblements ont eu lieu au même moment dans plusieurs villes du pays, avec parfois des affrontements avec les forces de l’ordre.
Tentatives de manipulation
L’indignation est telle dans le pays que le ministre de l’Intérieur a annoncé mardi avoir formé une commission d’enquête pour déterminer les circonstances exactes de la mort du garçon. Car plusieurs versions se contredisent. La télévision d’Etat a diffusé une interview du médecin qui a réalisé l’autopsie sur le corps de l’adolescent, dans laquelle le docteur affirme n’avoir repéré aucune trace de torture. Laissant ainsi penser que les blessures visibles sur la vidéo ont été infligées post-mortem.
Par ailleurs, la chaîne arabophone Al-Jazira a révélé mardi soir que le père d’Hamza al-Khatib avait été arrêté par la police secrète syrienne, qui voulait lui faire dire que son fils a été tué par les salafistes, ennemis déclarés du régime.
Des tentatives de manipulation sans doute vaines à destination d’une population qui ne croit plus depuis longtemps aux paroles de ceux qui la gouvernent. Et qui, ayant désormais trouvé son icône, semble plus déterminée que jamais à renverser le régime en place.