Les réactions se multiplient ce week-end, au lendemain du massacre à Houla, où les observateurs de l'ONU ont compté jusqu'à 114 morts, dont plus de 32 enfants.
Dernière en date : celle du gouvernement syrien lui même, qui a démenti être derrière les massacres et annonce ouvrir une commission d'enquête. "Nous réfutons totalement toute responsabilité gouvernementale dans ce massacre terroriste qui a visé les habitants, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jihad Makdissi. Des femmes, des enfants et des vieillards ont été abattus. Ce ne sont pas là les signes de l'héroïque armée syrienne."
"Nous avons formé une commission conjointe de l'armée et de la justice qui va enquêter sur l'ensemble des faits et qui publiera ses résultats dans trois jours" a poursuivi le porte parole.
"Un tel massacre ne peut demeurer impuni"
L'émissaire de l'ONU Kofi Annan se rendra d'ailleurs en Syrie lundi. Jihad Makdissi a indiqué que le ministre des Affaires étrangère syrien Walid Mouallem s'était entretenu avec Kofi Annan, et l'avait informé en détail de ce qui s'est passé à Houla, et de l'ouverture d'une enquête officielle.
Tout le weekend, des condamnations en provenance du monde entier ont afflué. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (l'Unicef) s'est lui dit "indigné". "Ce crime atroce contre des enfants si jeunes qui n'ont aucune part dans ces combats montre à nouveau l'urgence de trouver une solution au conflit en Syrie", a déclaré Sarah Crowe, porte-parole du directeur général, Anthony Lake. "Un tel massacre ne peut demeurer impuni", a-t-elle poursuivi dans un communiqué sur le site internet de l'agence onusienne.
Le Koweït avait lui annoncé avoir l'intention, en sa qualité de président actuel de la Ligue arabe, de convoquer une réunion d'urgence de l'organisation sur la Syrie. "Le Koweït va contacter les membres de la Ligue arabe pour une réunion d'urgence au niveau des ministres des Affaires étrangères afin d'examiner la situation et de prendre les mesures destinées à mettre fin à l'oppression du peuple syrien", a indiqué le ministère koweïtien des Affaires étrangères.
Le ministre a poursuivi, demandant à la communauté internationale, "dans des contacts aux niveaux régional et international, d'assumer ses responsabilités face à la situation". Certains parlementaires du pays avaient même suggéré samedi d'armer les rebelles syriens pour les aider à combattre Damas.
"Crime révoltant et terrible"
Les partenaires du Koweït au sein du Conseil de coopération du Golfe, qui réunit six monarchies arabes, ont également condamné samedi soir le "massacre de civils à Houla par les forces du régime syrien". Les Emirats arabes unis avaient eux aussi demandé dès samedi une réunion d'urgence à la Ligue arabe.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avait condamné l'"atrocité" du massacre et déclaré que Washington travaillerait avec ses alliés pour accroître la pression sur le président Bashar al-Assad et ses "affidés". Elle prévient que leur "gouvernement par le meurtre et la peur doit se terminer".
L'Armée syrienne libre (ASL), essentiellement composée de déserteurs, a elle estimé samedi n'être plus tenue par son engagement au plan de l'émissaire international Kofi Annan, à moins que l'ONU n'offre immédiatement une solution pour mettre fin aux violences du régime. "Nous annonçons qu'à moins que le Conseil de sécurité de l'ONU ne prenne des décisions d'urgence pour protéger les civils, le plan Annan ira en enfer", a affirmé l'ASL dans un communiqué.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et l'émissaire Kofi Annan ont pour le moment condamné "dans les termes les plus forts la mort, confirmée par les observateurs de l'ONU, de dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants".
"Ce crime révoltant et terrible, dans lequel la force a été utilisée de manière aveugle et disproportionnée, est une violation flagrante du droit international et des engagements pris par le gouvernement syrien de cesser son recours aux armes lourdes dans les villes et la violence quelle qu'elle soit", ont poursuivi les deux hommes, ajoutant que "les auteurs de ces crimes doivent être jugés". Hillary Clinton a elle aussi affirmé que "ceux qui ont perpétré cette atrocité doivent être identifiés et doivent en rendre compte".
Fabius "prend des contacts"
A Damas, le général Robert Mood, chef des observateurs, a également condamné une "tragédie brutale". Mettant en garde contre une "guerre civile", le général Mood a appelé le gouvernement "à ne plus utiliser d'arme lourde" et à "cesser de recourir à la violence", exhortant également "l'opposition à s'abstenir d'utiliser la violence" afin de parvenir à une "solution politique".
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, s'est dite elle "consternée" par le massacre, qualifié d'"acte odieux commis par le régime" de Damas. Berlin déclare que l'Allemagne est "horrifiée et bouleversée", tandis que Paris a condamné les "atrocités" infligées aux Syriens.
"Je prends immédiatement des contacts pour réunir à Paris le Groupe des pays amis du peuple syrien", a annoncé le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Le Parti socialiste a lui condamné dimanche "un niveau de barbarie sans précédent" du régime de Damas, accueillant "avec satisfaction la décision du gouvernement" français "de prendre immédiatement des contacts avec le groupe des pays amis du peuple syrien pour se réunir à Paris afin de prendre des initiatives pour cesser le massacre en Syrie".
Son homologue britannique, William Hague, a souhaité "une réponse internationale forte" et annoncé son intention de demander une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU "dans les prochains jours".
Plus de 13.000 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans les violences depuis le début mi-mars 2011 de la révolte en Syrie contre le régime du président Bachar al-Assad, selon un récent bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Au moins 9.183 civils, 3.072 membres des forces gouvernementales et 794 déserteurs ont péri dans la répression, les combats et les attentats qui secouent le pays depuis plus de 14 mois.