La France a envoyé 1.700 hommes sur le terrain. Une fois leur mission remplie, ils céderont la place à leurs homologues maliens. Mais ces derniers sauront-ils prendre la relève ?
"Le niveau de l’armée malienne n’était déjà pas très bon au moment de la crise début 2012", a rappelé Laurent Touchard, spécialiste des questions militaires, interrogé sur Europe 1, mercredi matin. "Et suite à cette crise, les choses se sont encore dégradées car il y a eu des pertes non négligeables. Des pertes matérielles, des pertes humaines", a-t-il ajouté, soulignant que l’"une des pires choses a été les dégâts moraux qu’ont causé les combats et les défaites subies au nord du Mali".
Néanmoins, Laurent Touchard refuse d’employer le terme "amateurisme" pour décrire l’armée malienne. "Ce n’est pas le mot qui convient exactement. L’armée malienne est en fait victime, depuis déjà de nombreuses années, de problèmes qu’on retrouve fréquemment dans les armées africaines à savoir un manque de crédits", explique-t-il, précisant que le matériel est mal entretenu et ne permet pas aux hommes de s’entrainer correctement."A l’heure actuelle, elle [l’armée malienne, NDLR] n’est pas en mesure de combattre par elle-même", ajoute Laurent Touchard.
Double mission pour l’armée française
Des propos qui induisent une action dans la durée de l’armée française. "Elle sera obligée de pousser l’armée malienne, parce que les Maliens seuls sont incapables de libérer le nord du pays", conclut-il, estimant qu’il faudra entre six et quinze mois pour former les troupes.
C’est donc une double mission que doit remplir l’armée française : mener le combat sur le terrain et préparer la relève. Pourtant, du côté de l'état major français, on souligne que le rôle des forcesdéjà sur place est avant tout une assistance. "Nous sommes là en soutien et non pas en substitut des forces armées maliennes, ou ce qu’il en reste", a déclaré mercredi matin l’amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées, interrogé sur Europe 1.
"Nous sommes les uns à côté des autres", a-t-il martelé, ajoutant que "certaines unités maliennes" sont déjà en mesure de se battre. "Mais avec d’autres, c’est plus difficile", a-t-il reconnu.