Son œuvre avait suscité l'hilarité… mais aujourd'hui elle lui rapporte gros. L'été dernier, Cecilia Gimenez , une octogénaire espagnole avait littéralement défiguré un portrait du Christ qu'elle tentait pourtant de restaurer. Un ratage qui avait fait l'objet de nombreux détournements pour finalement devenir un objet de curiosité internationale au potentiel très juteux. La retraitée espagnole vient d'ailleurs de recevoir près de la moitié des revenus tirés des droits de cette image.
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L'affaire n'était pourtant pas gagnée d'avance. La chevelure hérissée aux allures de pelage de singe, les yeux grossièrement cerclés de noir et la bouche aux contours flous du portrait restauré avaient en effet d'abord provoqué la stupeur des habitants de la petite ville de Borja, dans le nord-est de l'Espagne. Le tableau "Ecce Homo", né sous le pinceau de l'artiste en herbe Elias Garcia Martinez, au début du 20e siècle, n'avait plus rien à voir avec l'original.
Plus de 57.000 euros de recettes. En un an, 57.000 visiteurs venus d'Espagne et bien au-delà ont défilé devant la peinture, payant un euro chacun pour pouvoir la contempler. Le déferlement de curieux et les plaisanteries avaient d'abord déstabilisé Cecilia Gimenez, peintre amateur, prise de court par l'intérêt mondial que provoquait son ratage. Un an plus tard, l'écho des moqueries semblait toutefois très lointain alors que l'octogénaire devait signer mercredi un accord lui attribuant 49% des droits à l'image tirés de l'utilisation de son Christ bien singulier. Le reste revient à la fondation municipale.
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Bientôt des produits dérivés. Plus encore que les visites, de juteux revenus pourraient être tirés de l'utilisation de l'image sur des marchandises des plus variées : bouteilles de vin, tasses, ou t-shirts... Le visage méconnaissable du nouvel "Ecce Homo" avait en effet inspiré de nombreuses versions détournées à partir notamment de photos du roi d'Espagne Juan Carlos, de Michael Jackson ou encore d'Homer Simpson.
Ici, une touriste pose devant la peinture :
Hoy le he conocido... Me ha mirado a los ojos... Y lo he comprendido todo... #EcceHomo#eccemono#Borjapic.twitter.com/m7J02iVj— Teresa Serrano Sáiz (@mtserranosaiz) August 23, 2012
Un exemple de tee-shirt commercialisé :
Esto es increíble, ahora una tienda está vendiendo camisetas con el cristo de Borja. Y yo.? Quiero una. #EcceMonopic.twitter.com/5Sxakhew— TarkovskyO (@TarkovskyO) August 23, 2012
Un parodie à partir de films sur le ratage de la restauration :
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L'argent reversé à des associations. Plusieurs entreprises internationales ont déjà fait part de leur volonté d'utiliser cette icône moderne, sans vouloir dévoiler leurs noms avant que les contrats ne soient signés. Un gros potentiel pour se faire de l'argent donc. Mais "la Fondation et Cecilia destineront tous les revenus à des œuvres caritatives", a précisé l'avocat de l'octogénaire, Antonio Val-Carreres. "Personne ne veut se faire de l'argent en profitant de cette situation", a-t-il souligné.
La famille de l'artiste mécontente. "Tout le monde semble être content maintenant", s'est réjouie Cecilia Gimenez dans les pages du journal régional El Heraldo de Aragon. Mais la réalité est plus contrastée. Les descendants d'Elias Garcia Martinez, auteur de l'œuvre originale, qui n'était pas classée, n'apprécient pas que sa version défigurée reste intacte.
"C'est le principal point de discorde", explique le maire adjoint de Borja, Juan Maria Ojeda, qui a rencontré récemment la famille, ajoutant qu'elle refusait pour l'instant de participer à l'accord de répartition des droits à l'image. "Certains d'entre eux veulent qu'elle soit restaurée, ce qui est sans doute impossible maintenant, et d'autres veulent juste qu'on l'enlève et qu'on l'expose ailleurs" que dans l'église où leur aïeul avait dit l'avoir peinte en deux heures, a-t-il ajouté.
Une pétition pour préserver l'œuvre en l'état. Plus de 23.000 personnes ont signé une pétition, mise en ligne il y a un an sur le site, qui réclamait que la "nouvelle version" de l'Ecce Homo soit conservée, comparant son style aux œuvres de Goya, Munch ou Modigliani et voyant dans l'intervention de Cecilia Gimenez "une critique subtile des théories créationnistes de l'Eglise".