Les Grecs sont redescendus dans la rue. Alors qu’un nouveau tour de vis de la politique de rigueur est attendu pour réduire la dette de la Grèce, une journée de grève générale était au programme mercredi, de nombreux citoyens refusant de faire d’autres sacrifices. Environ 10.000 personnes selon la police ont battu le pavé à Athènes contre les sacrifices imposés au pays.
Violences et interpellations
Quelques incidents ont eu lieu lors de l'arrivée du cortège devant le Parlement, avec du mobilier urbain incendié, jets de pierre, suivis de tirs de grenades assourdissantes et lacrymogènes par la police sur des groupes de jeunes manifestants, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Un homme, âgé d'une trentaine d'années, selon les premières informations, a été blessé grièvement à la tête avant d'être hospitalisé et opéré d'urgence en raison d'un "hématome derrière la tête, selon le ministère de la Santé. Son état de santé était critique mais stable mercredi soir, selon le ministère. Au total une dizaine de personnes ont été blessées, dont trois policiers tandis que la police a procédé à une vingtaine d'interpellations.
Les représentants des bailleurs de fonds de la Grèce, Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international, ont examiné mercredi avec le gouvernement les moyens d'éviter une restructuration de la dette du pays. Le train de mesures prises l'année dernière en contrepartie du sauvetage du pays via le déblocage d'un prêt de 110 milliards d'euros par l'UE et le FMI a aggravé la récession et fait grimper le chômage, mais il a aussi échoué pour l'instant à rétablir l'accès du pays aux marchés.
"Cette injustice me révolte, pas les mesures"
Les Grecs, dont les salaires ont baissé tandis que les taxes ont augmenté, sont exaspérés par les exonérations d'impôts dont bénéficient encore certaines entreprises. Autre coupable pointé du doigt par les manifestants : les banques qui n'ont pas redistribué les aides de l'Europe.
Pour Electra, "les gens qui ont volé l'argent du peuple resteront riches comme ils l'ont toujours été. Nous comprenons qu'il faille prendre des mesures, mais le problème c'est 'qui paie ?'. Ce sont les gens qui ont un salaire pas très haut, qui n'ont rien fait." "C'est cette injustice qui me révolte, pas les mesures en tant que telles", a jugé cette jeune mère de famille.
Les commerçants mobilisés contre les contrôles fiscaux
A Athènes, de nombreux commerçants de la rue Marcou ont participé aux manifestations pour dénoncer les privatisations et surtout le renforcement des contrôles fiscaux. Il y a un an, ici tout se payait en liquide, sans facture. Les commerçants faisaient même souvent des ristournes aux clients. Aujourd’hui, les inspecteurs des impôts n’épargnent aucune échoppe.
"Ça n’arrête pas", déplore Maria, contrôlée quatre fois cette année. "A chaque fois, ils font sortir les clients. Ils épluchent nos livres de compte pendant des heures", poursuit-elle.
"Tout le monde volait un peu l'État"
"Avec la crainte d’un redressement fiscal, on ne triche plus", ajoute Stefanos en rangeant son kiosque à journaux où chaque article est désormais référencé. "Avant, je déclarais mes revenus sur l’honneur et vous savez bien que nous ne sommes pas des saints. Ici tout le monde volait un peu l'État. C’est fini, que ça me plaise ou non, on ne peut plus mentir aux impôts", conclut le commerçant qui estime avoir perdu 40% de ses revenus en un an.
Pour Georgia, trop c’est trop. Elle estime que le petit commerce prend largement sa part dans la réduction de la dette grecque. "Les grandes sociétés font pression sur le gouvernement et sont exonérées de TVA. Aujourd’hui, la Grèce est coupée en deux avec d’un côté ceux qui triment et de l’autre les puissants qui se permettent tout", regrette Georgia.
La grève, la deuxième depuis le début de l'année, est la neuvième depuis le début de la crise grecque l'hiver dernier. Le mouvement doit affecter tous les secteurs de l’économie et les administrations.