La détention de Roméo Langlois toucherait-elle à sa fin ? Les Farc ont averti dimanche la Croix-Rouge de leur intention de libérer le journaliste de France 24, en captivité depuis le 28 avril.
"Nous avons reçu nous aussi le communiqué envoyé directement par le groupe", a annoncé le délégué de l'organisme humanitaire en Colombie, Jordi Raich. Quelques heures plus tôt, l'agence cubaine Prensa Latina assurait également avoir reçu un message de la guérilla, indiquant sa volonté de relâcher le journaliste.
"Nous nous réjouissons de l'annonce de la libération et nous sommes prêts à l'organiser où que ce soit et au plus tôt", a ajouté le responsable de l'antenne colombienne du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). "La prochaine étape, c'est de connaître la date et le lieu. Ils ne nous ont rien dit à ce sujet", a-t-il poursuivi, assurant que l'organisme humanitaire était prêt à intervenir "à tout moment".
Encore 9.200 combattants
"A partir du moment où on nous communique la date et le lieu, nous pouvons nous déplacer par voie terrestre ou fluviale", a souligné Jordi Raich, dont l'organisme a déjà servi à de nombreuses reprises de médiateur lors des dernières libérations d'otages des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).
Dans ce message signé par sa direction nationale, les Farc proposent de faire appel, outre au CICR, à l'ex-sénatrice colombienne Piedad Cordoba, médiatrice auprès de la rébellion, au nom de la "sécurité" du journaliste. "Pour garantir encore plus sa vie et sa sécurité", la guérilla a proposé de "le remettre dans un lieu sûr à une commission comprenant la Croix-Rouge internationale, l'ex-sénatrice Piedad Cordoba et un représentant personnel du nouveau président français François Hollande".
La médiation de Piedad Cordoba, responsable de l'ONG "Colombiens pour la paix" et ex-sénatrice destituée de son mandat parlementaire en raison de liens présumés avec la guérilla, a déjà permis d'obtenir la libération de trente otages depuis 2008. "Nous verrions d'un très bon œil et nous signalerions comme un geste positif une libération rapide", a réagi Ivan Cepeda, autre parlementaire membre de cette ONG, interrogé par la radio colombienne RCN.
Un revirement des Farc
Cette déclaration des Farc constitue un revirement de la part de la rébellion qui avait d'abord qualifié Roméo Langlois de "prisonnier de guerre", au motif qu'il portait un gilet pare-balles et un casque de l'armée, liant sa libération à un débat sur l'information en Colombie. Correspondant de la chaîne de télévision France 24, Roméo Langlois, 35 ans, a été capturé lors d'un combat entre les Farc et une brigade de l'armée. Le journaliste faisait un reportage sur une opération anti-drogue dans le département de Caqueta, fief de la guérilla dans le sud du pays, à la lisière de la forêt amazonienne.
Fondée en 1964, la guérilla des Farc, la principale du pays, compte encore 9.200 combattants, repliés dans les régions de montagne et de forêt. Elle s'était engagée en février dernier à renoncer à la pratique des enlèvements contre rançon.