Un vent de révolution souffle sur la Russie. Trois semaines après la victoire du parti de Vladimir Poutine aux législatives du 4 décembre, 29.000 manifestants selon la police, 120.000 selon l'opposition, se sont rassemblés samedi à Moscou.
Bien qu'aucun chiffre de source indépendante ne soit disponible, la mobilisation est largement supérieure à celle du 10 décembre. La police avait alors estimé que 25.000 personnes s'étaient rassemblées. Les médias et l'opposition évoquaient entre 50.000 et 80.000 manifestants.
"Nous avons compris que nous pouvons nous mobiliser. Il est impossible d'arrêter une foule comme celle-ci", estime Andreï Loujine, 32 ans, qui avait été observateur électoral pour le parti de l'opposition Iabloko au scrutin controversé. "Des gens avaient peur avant la première grande manifestation le 10 décembre. Aujourd'hui nous n'avons plus peur", a-t-il ajouté.
Et ce n'est qu'un début à promis l'un des leaders du mouvement de contestation des législatives, Alexeï Navalny. "La prochaine fois, nous allons faire descendre un million de personnes dans les rues de Moscou", a déclaré le célèbre blogueur anti-corruption, libéré après 15 jours de détention pour avoir participé à une manifestation interdite au lendemain des législatives.
Face à cette contestation sans précédent, l'ex-président soviétique Mikhaïl Gorbatchev a appelé Vladimir Poutine à quitter le pouvoir immédiatement. "Il a déjà fait trois mandats : deux en tant que président (2000-2008), un en tant que Premier ministre - trois mandats, ça suffit", a souligné Mikhaïl Gorbatchev.
La pression monte autour de Vladimir Poutine :
Un cortège hétéroclite
Organisée via internet, la manifestation a rassemblé des gens d'horizons très divers : partis nationalistes, d'extrême-gauche, libéraux, des associations, des ONG et des célébrités du monde de la culture ou de la télévision.
Les manifestants ont par ailleurs reçu le soutien de l'ex-ministre des Finances, Alexeï Koudrine. Celui que Vladimir Poutine décrivait la semaine dernière comme "un ami" a réclamé des "législatives anticipées", dénonçant la "falsification de résultats" de celles du 4 décembre, remportées avec près de 50% des voix par Russie unie, le parti au pouvoir.
"Il faut une plateforme de dialogue sinon ce sera la révolution, sinon nous perdons la chance qui est devant nous pour un changement pacifique" en Russie, a conclu Alexeï Koudrine qui a quitté le ministère des Finances à l'automne après un conflit avec le président Dmitri Medvedev.
Ce mouvement de contestation, qui a débuté dès le lendemain du scrutin, est le plus important depuis l'arrivée au pouvoir en 2000 de l'homme fort du pays.
La manifestation s'est achevée sans incident avec l'adoption d'une déclaration réclamant notamment "des législatives anticipées" et "la libération des prisonniers politiques". Des rassemblements moins importants ont eu lieu dans une vingtaine d'autres villes notamment à Saint-Petersbourg où 4.000 personnes sont descendus dans la rue.