La partie de poker continue entre Mouammar Kadhafi et les instances internationales. Le guide libyen, qui s’accroche au son pouvoir malgré les nombreux appels au départ, est traqué sans relâche par les forces de l’Otan. Vendredi, le chef de la diplomatie italienne est monté au créneau en déclarant que Kadhafi était "très probablement parti de Tripoli et est probablement blessé".
"Il a le moral. Il dirige le pays jour après jour"
Franco Frattini pense que Kadhafi a "fui Tripoli, mais pas son pays. Une chose est sûre : la pression internationale a vraisemblablement incité Kadhafi à se mettre à l’abri dans un lieu plus sûr". Le gouvernement libyen n’a pas tardé à réagir à ces propos.
"C'est absurde", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim. "Il a le moral. Il dirige le pays jour après jour. Il n'est pas du tout blessé", a ajouté ce proche de Kadhafi, expliquant qu'il était toujours dans la capitale libyenne.
Un message du leader Libyen
Un message confirmé par le leader libyen lui-même, vendredi soir. "Je vais vous dire que vos bombardements ne m'atteindront pas parce que des millions de Libyens me portent dans leur coeur", a-t-il lancé à l'Otan dans un court message diffusé par la télévision d'Etat.
Mouammar Kadhafi, qui n’est plus apparu en public depuis près de quinze jours n'avait pas donné signe de vie depuis le 30 avril. Le 1er mai, un raid aérien de l’Otan sur Tripoli tuait un de ses fils, Saif al-Arab et trois de ses petits-fils. Depuis, la pression s’est intensifiée autour du leader libyen. Des frappes aériennes sont régulièrement effectuées sur Tripoli, visant des cibles militaires. L’une d’elles a cependant tué 16 civils vendredi dans une ville aux mains des pro-Kadhafi.
"L’inculpation de Kadhafi sera un moment clé"
Bien décidée à obtenir le départ de Mouammar Kadhafi, l’Otan peut compter sur l’aide à terre des rebelles qui mènent la vie dure aux pro-Kadhafi. Il y a quelques jours, ils sont parvenus à prendre le contrôle de Misrata, place stratégique à cause de son aéroport. Dopés par ce succès, les rebelles comptent poursuivre leurs conquêtes. Plusieurs d’entre eux multiplient les visites à l’étranger afin de collecter des fonds. Washington, visité par les rebelles, pourrait d’ailleurs leur verser 150 millions de dollars (106 millions d'euros), une aide non négligeable.
Mais si le principal allié de l’Otan était au sein même des pro-Kadhafi ? Le chef de la diplomatie italienne a en tout cas déclaré que les pressions internationales sur le gouvernement libyen étaient en train de provoquer "une désagrégation du régime de l’intérieur". "Tout ceci est certainement en train de provoquer un effet : la désagrégation interne du régime, qui est ce que nous souhaitions", a-t-il ajouté.
Des mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale contre des membres du régime pour des crimes contre l’humanité qui devraient être lancés d’ici fin mai pourraient pousser quelques défenseurs du guide libyen à changer de camp. Confiant, Franco Frattini a déclaré que "l'inculpation de Kadhafi devant la CPI probablement dans quelques semaines, vraisemblablement d'ici la fin mai, sera un moment clé".