Il est "miraculé". Le docteur Jean Dufriche, consul honoraire de France en Libye, circulait jeudi soir en voiture à Benghazi, la deuxième ville du pays, quand il a été pris pour cible. "Je revenais d'une réunion de travail vers 23 heures quant des tirs sont partis d'une voiture, blanche, je crois, sur notre pare-brise puis de côté", raconte-t-il. Il remarque un chauffeur et deux tireurs "qui ont tiré entre onze et quinze balles". Après être parvenu à fuir, le consul a été pris en charge par les services de sécurité libyens, avant de quitter le pays pour se réfugier à l'ambassade de Tunis, où il a rencontré François Hollande, vendredi soir. Et d'où il a pu livrer le témoignage d'une attaque préméditée.
"Un réflexe vital". Jean Dufriche venait de quitter le Benghazi Medical Centre, où il travaille, vers 23 heures en compagnie de sa femme quand ils ont été pris pour cible. "Des tirs sont partis d'une voiture, blanche, je crois, sur notre pare-brise puis de côté. Les tirs font "beaucoup de bruit". Sa femme comprend immédiatement. "Elle plonge tout de suite à l'arrière de notre voiture", se souvient-il. Musulmane, elle récite la prière des morts. "Ca m'a donné une espèce de réflexe vital qui, peut-être, nous a sauvés", enchaîne le médecin.
"La voiture est en piteux état". Le consul honoraire de France doit le salut de son couple à ce "réflexe". "J'ai freiné très fort et je me suis débrouillé ensuite pour quitter très vite l'autoroute. Certaines balles ont traversé notre véhicule de part en part" d'autres sont restées fichées dans la carrosserie, poursuit-il, "parce qu'ils tiraient avec des revolvers et pas avec des kalachnikovs, sinon nous ne serions pas là". Aucune balle ne les a atteints.
Signes avant-coureurs. L'attentat a été précédé de signes avant-coureurs que le docteur Dufriche juge désormais "idiot" d'avoir ignorés : des appels téléphoniques "bizarres" en provenance du Sénégal d'un homme récitant en arabe des sourates du Coran. Et pourtant, "en tant que représentation de la France, on se sait peu ou prou ciblé", observe-t-il, et ce qui risquait d'arriver "est arrivé". Jean Dufriche ne peut émettre que des "hypothèses" sur les agresseurs. "Peut-être "les gens de Kadhafi" qui lui "en veulent" parce qu'il était de retour à Benghazi dès février 2011 avec la première délégation humanitaire ou bien encore "des islamistes radicaux". Il y a deux mois et demi, la France avait déjà été la cible d'un attentat en Libye. Une voiture avait explosé devant l'ambassade de France en Tunisie, blessant deux gendarmes.
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Hollande : "Ouf, vous êtes vivant". Quand il l'a rencontré dans le confort douillet de la résidence de l'ambassadeur de France à Tunis, le président Hollande, qui venait de passer deux jours en Tunisie, a poussé un "ouf" de soulagement. "Ouf, vous êtes vivant", s'est-il exclamé avant d'adresser "un message de sympathie, de réconfort" à sa famille et à lui-même. Auparavant, le président français avait dit son "admiration" pour le médecin.