Amina a disparu. C'est sur son propre blog, intitulé A Gay Girl in Damascus ("une lesbienne à Damas"), que la disparition d'Amina Abdallah a été rendu publique. Sa cousine a en effet publié le 6 juin un message sur le compte de la bloggeuse syrienne pour informer ses lecteurs qu'elle a été "enlevée" lundi dans les rues de Damas alors qu'elle se rendait à un rendez-vous.
"Amina se rendait dans le quartier de la station de bus d’Abbasid, à côté de la rue Fares al Khouri, lorsqu’elle (…) a été empoignée par trois hommes âgés d'une vingtaine d'années. Selon le témoin, ces hommes étaient armés", précise le dernier message publié sur son blog.
"L’un des hommes a mis sa main sur la bouche d’Amina puis ils l’ont poussée dans une Dacia Logan rouge avec sur la fenêtre un autocollant représentant Bassel el-Assad (le frère disparu du président Bachar al-Assad, ndlr). Les hommes ont assumé appartenir à l’un des services de sécurité ou à la milice du parti Baas."
"A ce jour elle est porté disparue"
Rania O. Ismail, qui a repris le blog de sa cousine pour faire connaitre son sort, affirme avoir eu au téléphone les deux parents d'Amina. "Tout ce que je peux dire, c’est qu’à ce jour elle est porté disparue. Son père tente désespérément de la localiser et de savoir qui l’a enlevé", écrit-elle.
Professeure d'anglais âgée de 34 ans, Amina Abdallah est connue pour animer un blog en langue anglaise défendant la cause homosexuelle. Mais il est aussi devenu l'un des porte-voix les plus suivi de la contestation du régime syrien. Son blog reprend également plusieurs vidéos montrant la répressions des manifestations qui se succèdent depuis la mi-mars.
Un engagement qui lui a valu de nombreuses menaces. Amina Abdallah "vivait depuis quelques semaines dans la clandestinité la plus totale. Elle changeait régulièrement de maison afin d'éviter d'être repérée par les Moukhabarate syriennes (les renseignements) qui avaient déjà menacé de l'arrêter et même de la violer", rapporte ainsi le quotidien libanais L'Orient-Le Jour.
Forte mondialisation en ligne
Depuis le cri d'alarme lancé par sa famille et ses proches, les internautes se mobilisent en masse. Outre de multiples articles et posts en de nombreuses langues, une chaîne Twitter a été créée pour obtenir sa libération. Les encouragements et les invitations à écrire personnellement aux ambassades de Syrie s'y multiplient.
Une page Facebook "Free Amina Abdalla" a également été mise en ligne. Près de 12.000 internautes ont déjà adhéré à la page Facebook qui lui est dédiée, recensant tous les articles et vidéos consacrées à la blogeuse. Betty Tsamis "espère que les organisations des droits de l'homme sont sur ce dossier", Randy Marquez regrette "qu'une personne si éduquée et pleine de vie puisse être emportée par l'ignorance et l'intolérance". Karen Reilly se demande: "que peuvent faire ceux d'entre nous qui habitent à Washington ?". L'opération de lobbying en ligne a commencé.