La crise économique a-t-elle eu la peau de "l’American dream" ? Paul, 55 ans, partage depuis un an, un petit morceau de terrain dans le New-Jersey, à une heure et demie de New-York, avec soixante-dix autres personnes. L’endroit est l’un des bidonvilles qui sont nés au plus fort de la crise aux Etats-Unis, où d’anciens employés de la classe moyenne sont venus se réfugier après avoir perdu leur emploi. L’homme, qui gagne 8,25 dollars de l’heure, garde le sourire et un brin d’humour : "regardez, je vis comme un pionnier : j’ai un lit et un poêle à bois", confie-t-il au micro d’Europe1.
Mais au temps des pionniers, tout était possible au pays de l’oncle Sam. La conquête du bonheur, le "self-made man", sont autant d’images qui ont façonné l’identité des Etats-Unis. Sauf que la machine à rêves est en panne. "La crise a tué ce mythe. La crise a entamé cet ADN des Etats-Unis", estime François Durpaire, spécialiste des Etats-Unis. "Et si on ne peut plus réussir en partant de rien, alors les Etats-Unis perdent leur singularité en devenant un pays comme les autres", ajoute-t-il.
>> C'est donc sur ce thème de l'inégalité des revenus que Barack Obama va axer son discours mardi soir.
L'inégalité des revenus au cœur du discours. Barack Obama va donc tenter de ressusciter le rêve, retrouver la confiance de la population, en s’adressant au Congrès lors de l’annuel discours sur l’état de l’Union, mardi soir. Il entend faire du thème de l'inégalité des revenus aux Etats-Unis l'axe principal de son intervention. Il évoquera ses efforts pour que le Congrès relève le salaire minimum et sa volonté d'accroître les offres d'emploi pour les bas échelons de la société à un moment où la Bourse est en plein essor mais où le marché de l'emploi reste peu dynamique.
Une oreille tendue. Le discours sur l’état de l’Union est, dans le calendrier annuel, la meilleure tribune dont un président puisse disposer aux Etats-Unis."C'est l'un des moments où les gens se mettent à l'écoute et veulent vraiment savoir quelles sont les priorités et ce qui définit une présidence", note Mike McCurry, qui fut porte-parole de la Maison-Blanche sous Bill Clinton.
Un discours crucial. Barack Obama s'efforcera donc, en préconisant des mesures de soutien à la classe moyenne, de remobiliser l'électorat démocrate à l'approche d'élections à mi-mandat qui s'annoncent délicates pour son camp. "S’il réussit son discours, alors le Congrès fera passer ses lois", explique François Durpaire, auteur du livre sur les discours de l’état de l’Union : L’unité réinventée : les présidents américains face à la nation. "Vu l'année que les Américains ont passée en 2013, ce sera une bonne façon de remettre les compteurs à zéro pour 2014", estime, pour sa part, Mike McCurry.
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