La ville est défigurée. Alep, deuxième ville et capitale économique de la Syrie, est le théâtre de violents affrontement entre des soldats pro-régime aux rebelles. Ces dernières heures, les forces du régime ont eu recours à des avions de chasse pour bombarder cette ville du nord du pays. De leur côté, les révolutionnaires sont en possession de chars et d'armes lourdes, selon la mission de l'ONU.
François Clauss, l'envoyé spécial d'Europe 1, a pu pénétrer dans le quartier de Salaheddine, bastion de l'ouest de la ville où sont retranchés les rebelles.
Six bombes en moins de quinze minutes
Sur le terrain, les destructions sont considérables. A la tombée de la nuit, le pick-up des révolutionnaires ne peut même plus avancer. La ruelle est obstruée par des monceaux de gravats. La veille à la même heure, quatre avions de combats Mig- 23 ont lâché six bombes en moins de quinze minutes. Comme a pu le constater l'envoyé spécial d'Europe 1, le spectacle est terrifiant : des immeubles de cinq étages éventrés, des maisons réduites en un tas de pierres et de poussières.
Dans ce quartier, la plupart des habitants ont fui après dix jours de bombardements intensifs. Les ruelles enchevêtrées de Salaheddine sont devenues le refuge des combattants de la révolution qui harcèlent avec leurs lance-roquettes et leurs kalachnikovs, les chars de l'armée basés à moins de 500 mètres.
Au milieu des décombres, un homme hurle sa douleur : "mais comment un Syrien a-t-il pu faire ça à d'autres Syriens ? Ce n'est pas possible. Ça doit être un Iranien qui a fait ça", lance cet habitant qui appelle le quartier à se soulever.
"C'est ici que je vais mourir"
Un peu plus loin, un homme seul au milieu des décombres, avec un sac plastique, tente de récupérer les quelques objets de toute une vie qui ont échappé au fracas des bombes."Je n'ai nulle part où aller. C'est ici que je vais mourir", s'inquiète-t-il.
Dans la maison voisine, un médecin a installé, dans son appartement, un hôpital de fortune où il opère la nuit avec une lampe de poche les corps des combattants brisés par les éclats d'obus. "Si les combattants de la révolution blessés vont à l'hôpital, alors on les tue", affirme-t-il.
Vers 20h30, la "rue" s'inquiète. Les révolutionnaires redoutent une nouvelle opération punitive des avions de combat sur leur quartier pour défier la peur ou la menace. L'un des combattants au volant de sa voiture entonne un chant révolutionnaire. Alep vient de vivre son 11e jour de guerre.