Elle rapporte des milliards, concerne à 80% des femmes et des millions de mineurs sous l'emprise du crime organisé: la prostitution est en pleine expansion au niveau mondial, s'alarme le "Rapport mondial sur l'exploitation sexuelle" de la Fondation Scelles. "La prostitution a atteint une dimension industrielle et planétaire des plus inquiétantes", concernant aujourd'hui de 40 à 42 millions de personnes dont 90% "dépendraient d'un proxénète", explique le document de 210 pages, en vente en librairie (éditions Economica).
Yves Charpenel, président de cette fondation française luttant contre la prostitution, constate cette "explosion de la prostitution depuis une dizaine d'années". Les raisons sont connues: misère, guerres, problèmes familiaux... En Moldavie par exemple, pays extrêmement pauvre, 70% des femmes de 15 à 25 ans se sont prostituées au moins une fois, selon lui. Le phénomène pose "la question du statut de la femme qui", même en Occident, "se trouve infériorisé par rapport à celui de l'homme", souligne le rapport.
Autres facteurs aggravants, le développement d'internet et du téléphone portable (anonymat des clients et des proxénètes), et "l'hypersexualisation" des sociétés menant à la "marchandisation" des corps. Cette "marchandisation" rime souvent avec traite des êtres humains, kidnappés par des proxénètes ou vendus par leurs familles. Qui dit traite dit réseaux organisés. "Les groupes du crime organisé sont les premiers bénéficiaires" de la prostitution, assène le rapport, avec des profits annuels estimés à 27,8 milliards de dollars, en troisième position derrière les trafics de drogue et d'armes.