"Oui, l'équipage peut survivre à l'inévitable isolation qu'impose un voyage aller-retour vers Mars". La phrase est signée Patrick Sundblad, co-organisatrice de l'expérience Mars 500.
Débutée le 3 juin 2010, l'aventure consistait à simuler un vol sur la planète rouge. De fait, l'expérience imposait un isolement de 520 jours, soit 250 jours pour l'aller, 30 jours de travail sur Mars, et 240 jours pour le retour.
Après un an et demi d'isolement passé dans un hangar appartenant à l’Institut russe des problèmes biomédicaux, à Korolev, dans la banlieue de Moscou, les six astronautes doivent fêter leur retour de mission vendredi.
Un suivi psychologique important
Toutefois, avant de pouvoir retrouver leurs proches, l'équipe, composée de Russes, d’Européens et de Chinois, devra être placée en quarantaine pendant quatre jours pour effectuer des examens médicaux. Après plusieurs mois d'isolement, les astronautes risquent en effet d'être plus vulnérables aux maladies, rapporte Mark Belakovski, vice-directeur du projet Mars-500.
Par la suite, les six hommes, âgés de 27 à 38 ans, vont d'ailleurs devoir se rendre régulièrement à l'IMBP afin d'effecteur des contrôles médicaux. Outres des carences physiques, un isolement si long peut en effet avoir des répercussions importantes sur le moral des astronautes.
Étudier l'impact de l'isolement dans une équipe
Interrogé par Ouest-France, Romain Charles, un ingénieur originaire de Mayenne, âgé de 32 ans, qui a participé à la mission, explique que différents stratagèmes ont été mis en place pour mieux gérer l'isolement. "Nous ne planifions nos journées qu'une semaine à l'avance", donne-t-il comme exemple.
"En plus des expériences scientifiques, je me suis prévu quelques activités pour être toujours occupé. J'étudie le russe pour améliorer mon niveau, je lis et je joue de la guitare. Je passe également beaucoup de temps à écrire pour répondre aux messages de mes proches", ajoute l'ingénieur.
Le but de la mission était en effet d'étudier les effets, sur les hommes, de l'isolement, de l'absence de lumière du jour et d'air frais, ainsi que la restriction des contacts humain à subir par les astronautes.
Une mission sur Mars possible dans 30 ans
Car si les astronautes avaient la possibilité d'être en contact, notamment par mails, avec leurs proches, Romain Charles reconnaît toutefois certains coups durs. "Toutes les questions (des journalistes, ndlr) nous obligeant à focaliser notre attention sur des périodes longues ont eu tendance à miner notre moral", confie-t-il.
Mais de cette expérience, l'ingénieur garde avant tout des souvenirs positif, comme le nouvel an, ou "le début de la période martienne". En février dernier, un binôme de l'équipe a eu l'opportunité de sortir de la station spatiale pour simuler une excursion sur Mars. Là, durant cinquante minutes, les deux hommes se sont confrontés à une température avoisinant les - 60 degrés Celsius.
Voici quelques images, diffusées par Russia Today :
Si l'isolement a été difficile à gérer parfois, l'équipe garde donc des souvenirs très intenses de leur expérience. Et à quelques jours du grand retour, Mark Belakovski, vice-directeur du projet Mars-500, estime qu'ils "sont d'une humeur très positive". "Ils savent qu'ils ont fait quelque chose de très grand", déclare-t-il.
Même si aucune expédition vers cette planète n'est prévue avant 20 ou 30 ans, Mars 500 aura permis de démontrer qu'une équipe, composée de différentes nationalités peut cohabiter dans un endroit clos pendant plusieurs mois.