L'homme fort de la Russie retrouve son poste de chef d'Etat. Vladimir Poutine a remporté la présidentielle de dimanche avec 63,9% des voix, selon les résultats portant sur la quasi-totalité des bureaux de vote (98%). Ses opposants, le communiste Guennadi Ziouganov obtiendrait 17,18% des voix, le libéral Mikhaïl Prokhorov 7,7%, le populiste Vladimir Jirinovski 6,24% et le centriste Sergueï Mironov 3,84%.
Les Russes se sont largement mobilisés : la participation a atteint 64%.
"Nous avons gagné. Gloire à la Russie !"
C'est la larme à l'oeil (photo) que Vladimir Pouine s'est adressé dimanche soir à plusieurs dizaines de milliers de ses partisans place Manezhnaya près du Kremlin.
"Nous avons gagné dans une lutte ouverte et honnête", a déclaré Vladimir Poutine aux côtés du président sortant Dmitri Medvedev. Cette élection était "un test important pour nous, pour tout le peuple, un test pour la maturité politique et l'indépendance" du pays, a encore souligné Vladimir Poutine en remerciant les électeurs de ne pas avoir laissé "détruire" le pays. Les ennemis de la Russie "ne passeront pas", s'est-il félicité.
"Merci à tous ceux qui ont dit oui à la grande Russie", a-t-il encore lancé en reprenant le slogan clé de sa campagne.
Les larmes et le discours de Vladimir Poutine sur Russia Today :
"Une élection de voleurs" pour l'opposition
"C'est une élection de voleurs, absolument malhonnête et indigne", a réagi dès dimanche le candidat communiste à la présidentielle russe, Guennadi Ziouganov, tandis que l'opposant libéral Vladimir Rijkov jugeait que "pas un paramètre ne permet de considérer cette élection comme légitime". Il a dénoncé "la racaille mafieuse à laquelle appartiennent la verticale du pouvoir, la commission électorale centrale".
L'issue du scrutin laissait peu de place au doute. Tous les observateurs estimant que ce "simulacre d'élection" - selon l'expression de la politologue Hélène Blanc au Figaro - assurait à Vladimir Poutine de retrouver le fauteuil du Kremlin. Vladimir Poutine a notamment bénéficié dans sa campagne du soutien de tous les médias d'Etats et organes du pouvoir.
Une manifestation est déjà prévue lundi
L'opposition craint que le pire soit à venir : de nombreux activistes de l'opposition redoutent un changement d'attitude du Kremlin après les élections et le début d'une répression à grande échelle. L'ancien maître-espion du KGB a fermement démenti ces rumeurs : "et pourquoi le ferais-je ? Pourquoi ces craintes, alors que nous faisons exactement l'inverse ? Nous n'avons rien prévu de tel", a-t-il martelé. Il a, toutefois, refusé de répondre favorablement à la tenue de législatives anticipées.
Après les manifestations sans précédent de décembre et février visant à dénoncer des fraudes présumées lors des législatives de décembre et la mainmise de Poutine sur le pays, l'opposition a déjà prévu une nouvelle manifestation dès lundi.
Réélu pour six ans
L'actuel chef du gouvernement russe, déjà président de 2000 à 2008, est donc élu pour un mandat de six ans. En 2008, il avait quitté le Kremlin faute de pouvoir effectuer plus de deux mandats consécutifs, conformément à la Constitution. Il avait propulsé son subordonné Dmitri Medvedev à la présidence et ce dernier s'est effacé en septembre pour laisser son mentor y revenir en 2012.
Avant même l'élection, Vladimir Poutine avait fait savoir que Dmitri Medvedev deviendrait son Premier ministre.
Une réforme constitutionnelle a porté le mandat de quatre à six ans, si bien que Vladimir Poutine aura le droit de se représenter en 2018 et pourrait se maintenir au pouvoir jusqu'en 2024.