Sakineh Mohammadi-Ashtiani n’a pas été exécutée mercredi, et selon Bernard Henri-Lévy, elle pourrait le devoir à Nicolas Sarkozy. Alors que les soutiens de cette mère de famille iranienne de 43 ans, condamnée à mort pour adultère, annonçaient sa lapidation pour mercredi matin, le chef de l’Etat aurait, selon le philosophe, décroché son téléphone pour venir à son secours.
"Je ne suis pas là pour faire le messager de quiconque, mais il faut être honnête, malgré les divergences que l’on peut avoir, la France et en particulier le président de la République, ont joué un rôle très important dans la journée d’hier (mardi), dans ce nouveau sursis apporté à Sakineh", a assuré mercredi sur Europe 1 le philosophe, très engagé dans la mobilisation en faveur de Sakineh."
"Une affaire personnelle"
Précédemment, sur RMC, BHL était allé plus loin : "Il a fait savoir aux autorités iraniennes qu'il faisait de l'affaire Sakineh une affaire personnelle. Et que si l'on touchait, ce sont ses mots dans la conversation que nous avons eue hier soir, à un cheveu de Sakineh, cela interromprait ipso-facto tous les dialogues aujourd'hui en cours. Ce message est passé directement et il semblerait qu'il ait été entendu".
Mais Bernard-Henri Lévy n’oublie pas le rôle de la communauté internationale, quand il désigne ceux qui ont permis à Sakineh de ne pas être exécutée mercredi. "C’est vous, c’est nous, c’est la mobilisation internationale, c’est les signataires de la pétition de la Règle du jeu, c’est les femmes et les hommes qui ont dit leur horreur à l’idée d’une innocente lapidée ou pendue, ce qui serait revenu au même. C’est la mobilisation des consciences qui a joué", s’est-il félicité, sans oublier le rôle des diplomaties européenne et américaine.
La version iranienne
Du côté des autorités iraniennes, le son de cloche est évidemment différent. Le ministre des Affaires étrangères iranien a ainsi appelé son homologue français pour lui présenter sa version des faits. "Manouchehr Mottaki m'a affirmé que le verdict final dans l'affaire concernant Sakineh Ashtiani n'avait pas été prononcé par la justice iranienne et que les informations concernant son éventuelle exécution ne correspondaient pas à la réalité", a ainsi écrit Bernard Kouchner dans un communiqué.
Pour autant, Sakineh est loin d’être tirée d’affaire. "Le danger perdure et cela peut arriver à tout moment", a déclaré Mina Ahadi, porte-parole du comité international contre la lapidation. Car l’Iranienne de 43 ans reste judiciairement condamnée à mort, pour adultère mais aussi pour complicité dans le meurtre de son mari. Des associations comme Amnesty International affirment que ces aveux ont été obtenus sous la torture.
La campagne de mobilisation internationale, marquée par des manifestations devant les ambassades iraniennes de plusieurs capitales mondiales, avait contraint les autorités iraniennes à suspendre l’exécution en juillet 2010. Une suspension qui peut être levée à tout moment.