Le difficile dialogue de la communauté internationale avec le régime de Bachar el-Assad est dans l’impasse. Après avoir accepté un plan de sortie de crise, la Syrie vient en effet de signifier à l’ONU qu’elle n’entendait pas évacuer ses troupes des villes insurgés.
"Choqué par (la) montée de la violence"
Le régime du président syrien Bachar al-Assad a en effet annoncé dimanche qu'il ne retirerait pas ses troupes des villes à moins de "garanties écrites" de l'opposition, à deux jours de la date limite fixée par l'ONU.
Kofi Annan, émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe sur la Syrie, a réagi en se disant "choqué par (la) montée de la violence et des atrocités dans plusieurs villes et villages de Syrie" et en rappelant le gouvernement syrien à ses engagements.
De son côté, la France a condamné "avec force la poursuite des massacres". "Alors que le régime de Bachar al-Assad avait annoncé qu'il acceptait le plan Annan et proposé lui-même la date du 10 avril pour le retrait de ses troupes et de ses armes lourdes des centres urbains, il formule maintenant de nouvelles exigences inacceptables", a affirmé dimanche Bernard Valero, porte-parole du Quai d'Orsay, dans une déclaration.
Une pause précaire avait été négociée
Le plan de sortie de crise présenté par Kofi Annan, que Damas avait accepté le 2 avril et l'ONU entériné jeudi, prévoit que l'armée se retire des villes mardi matin afin de permettre un arrêt total des violences 48 heures plus tard.
Mais le constat sur place est tout autre : les violences ont connu une recrudescence ces derniers jours à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, qui a recensé au moins 128 morts, dont 86 civils, pour la seule journée de samedi et rapporté de nouveaux bombardements et combats meurtriers dimanche.
Le régime pose ses conditions
Le régime syrien justifie sa volte-face en accusant les opposants de profiter de cet hypothétique cessez-le-feu pour se réarmer. "Dire que la Syrie va retirer ses forces des villes à la date du 10 avril est inexact, Kofi Annan n'ayant pas encore présenté de garanties écrites sur l'acceptation par les groupes terroristes armés de l'arrêt de toute forme de violences et sur leur volonté de livrer leurs armes", a ainsi accusé le ministère syrien des Affaires étrangères.
"Monsieur Annan n'a pas non plus présenté d'engagements écrits des gouvernements du Qatar, de l'Arabie saoudite et de la Turquie sur l'arrêt de leur financement des groupes terroristes", ajoute le ministère syrien.
L’opposition en appelle à l’ONU
Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a appelé dimanche le Conseil de sécurité de l'ONU à "intervenir de toute urgence pour arrêter la catastrophe humanitaire engendrée par le régime (...) en adoptant une résolution (contraignante) sous l'article 7 pour assurer la défense des civils".
"Croire aux promesses de ce régime barbare (...), c'est lui permettre d'avancer dans son plan criminel pour déchirer la Syrie et baigner ce pays dans le sang", ajoute le CNS. Face à l'afflux massif de Syriens fuyant les violences, la Turquie, qui héberge déjà plus de 24.500 réfugiés, a menacé de prendre des "mesures" si le régime de Damas ne cessait pas les violences à la date butoir de mardi.
Le Pape s’inquiète aussi
A Rome, le pape Benoît XVI a supplié dimanche que "cesse l'effusion de sang" en Syrie, où selon l'OSDH plus de 10.000 personnes ont perdu la vie et au moins 100.000 connu la prison depuis le début de la révolte contre le régime en mars 2011.
"En Syrie, particulièrement, que cesse l'effusion de sang et que soit entrepris sans délai le chemin du respect, du dialogue et de la réconciliation, comme le souhaite la communauté internationale", a déclaré le pape dans son message pascal "Urbi et Orbi" ("à la ville et au monde").