L’Allemagne devrait très prochainement voir arriver à sa tête un président au dessus de tout soupçon. Joachim Gauck, 72 ans, sera élu d’ici le 18 mars par les grands électeurs de l’Assemblée fédérale allemande, qui regroupe les députés et des représentants des 16 Länder. Cet ancien militant des droits de l’homme en RDA est une véritable autorité morale en Allemagne, où la fonction de président a été ternie par des scandales qui ont poussé son prédécesseur, Christian Wulff, à démissionner.
Joachim Gauck, pasteur de l’Eglise luthérienne, s’est élevé, comme une partie du clergé protestant, contre le régime communiste d’Allemagne de l’Est. Né en 1940 à Rostock, dans le nord-est de l’Allemagne, il a été témoin d’arrestations et de détentions arbitraires de la police politique est-allemande. Son propre père a ainsi été arrêté lorsqu’il était enfant, et déporté au goulag en Sibérie.
Le Nelson Mandela allemand ?
Marié, père de quatre enfants, Joachim Gauck choisit de devenir pasteur en 1965, une tribune qu’il utilise pour prêcher en faveur des droits de l’Homme. En 1989, il participe en 1989 à la fondation du Nouveau Forum, un mouvement de défense des droits civiques. Après la chute du mur de Berlin, il est nommé commissaire chargé de superviser les archives de la Stasi, l’ancienne police secrète de RDA. A ce poste, il mène pendant dix ans un travail de mise au jour des crimes de cette police secrète, ce qui lui vaut la reconnaissance de son pays.
Comparé par certains à un Nelson Mandela allemand, il s’est tenu éloigné du monde politique et se définit avec humour comme "un conservateur libéral penchant à gauche". En 2010, cet homme à la voix douce accepte tout de même d’être candidat à la présidence de la République allemande, poste très largement honorifique. Mais Angela Merkel, pourtant fille de pasteur et originaire elle aussi du nord-est du pays, lui préfère Christian Wulff.
Joachim Gauck jouit d’une grande popularité en Allemagne et a même été surnommé "le président du cœur" par la presse populaire après son échec de 2010. Dimanche soir, le futur président a cependant tenu à montrer un visage modeste, prévenant les Allemands qu’il n’était "ni Superman, ni un homme infaillible".