L'INFO. La pression est maximale sur le président Ianoukovitch. Plusieurs milliers de manifestants favorables au rapprochement entre l'Ukraine et l'UE ont encore afflué mardi à Kiev autour du Parlement, qui a rejeté une motion de défiance contre le gouvernement. Les manifestants refusent la tutelle de la Russie et voudraient voir leur pays se rapprocher de l'Europe. Ils sont déterminés et ils ont bien l'intention d'aller jusqu'au bout, assurent-ils. Il s'agit d'une mobilisation sans précédent depuis la Révolution orange de 2004 qui a renversé le régime en place et porté alors au pouvoir les pro-occidentaux. Mais la situation est-elle vraiment comparable ? Explications.
Les mouvements "sont mieux préparés". Les images de 2013 sont effectivement semblables à celles de 2004. Les Ukrainiens agitent leurs drapeaux au pied de la place de l'Indépendance, symbole de cette Révolution orange. Ils prennent pour cible le président Ianoukovitch, déjà évincé une première fois en 2004. Sergueï a effectivement une impression de déjà-vu. "Évidemment que ça rappelle 2004 de voir tout ce monde réunit ici. Je ressens la même émotion, le même enthousiasme mais cette fois j'ai l'impression que les mouvements sont mieux préparés", constate cet Ukrainien au micro d'Europe 1. "A l'époque de la Révolution orange, il ne faut pas oublier qu'on descendait pour la première fois dans la rue. On ne comprenait même pas ce qu'il se passait. Maintenant, chacun sait pourquoi il est là. On est conscient d'avoir un but précis. Pas seulement parce qu'on nous a dit de venir", assure-t-il.
L'envoyé spécial d'Europe 1 en Ukraine a filmé les manifestants :
"Pardon" pour les violences policières. Une motion de défiance contre le gouvernement a été rejetée mardi par le parlement, L'inquiétude est palpable au sein du gouvernement. "Ce qui se passe présente tous les signes d'un coup d'État", a dénoncé lundi le Premier ministre Mykola Azarov. Mardi, une motion de défiance contre le gouvernement a été rejetée par le parlement. Devant les députés, Myloka Azarov a demandé pardon "au nom du gouvernement" pour les violences policières contre les manifestants samedi et dimanche. Quant au président Ianoukovitch, qui voyage en Chine mardi, a reconnu que les forces de l'ordre avaient sans doute eu la main lourde dimanche lors des premières grosses manifestations. Le patron de la police de Kiev a depuis été limogé.
Les "méthodes" de la Russie contestées. Le contexte de 2013 est quand même bien différent de celui de 2004. A cette époque, il s'agissait de faire annuler l'élection présidentielle car il y avait des soupçons de fraudes. Cette fois, si ces Ukrainiens occupent jours et nuits la place de l'Indépendance et la mairie de Kiev, c'est parce qu'ils s'estiment "trahis". Ils n'approuvent pas que leur président ait fermé la porte de l'Europe pour préférer les milliards d'euros d'aides offerts par la Russie. Cette volte-face est perçue comme un affront par ces manifestants. "Les méthodes employées par la Russie, ce sont des méthodes soviétiques", glissent certains manifestants. Le président russe Vladimir Poutine, conspué par la foule, a expliqué que d'après lui, ces manifestations étaient préparées de l'extérieur et ressemblaient plus "à un pogrom plutôt qu'à une révolution".
"On voit bien que Moscou veut garder l'Ukraine sous son aile", assure Sergueï au micro d'Europe 1. "Cet accord, c'est une provocation. Ianoukovitch n'a fait qu'obéir à Moscou. Mais Poutine doit savoir que les Ukrainiens en ont marre de tout ça. Nous n'acceptons plus d'être dans le giron de la Russie. Ça fait 350 ans que ça dure. Maintenant c'est fini", réclame avec colère cet Ukrainien de la place de l'Indépendance.
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