C’est un homme à deux visages. Paolo Gabriele, ancien majordome de Benoît XVI sera jugé à partir de samedi au Vatican pour avoir diffusé des photocopies de documents confidentiels subtilisés dans les appartements du pape. Il risque jusqu'à quatre ans de prison. Ce procès public au Saint-Siège - une première - devra déterminer qui est cet homme pourtant au dessus de tout soupçon.
Décrit comme réservé, seules deux missions comptaient pour le fidèle serviteur du souverain pontife : débarrasser l’église de la corruption et la remettre dans le droit chemin. Deux missions qui se sont transformées en obsessions, à tel point que les psychologues s’interrogent, aujourd'hui, sur sa capacité à comprendre la gravité de ses actes.
Une personnalité dangereuse
Ses collègues et connaissances l'ont décrit comme un homme sans histoires, un bon père de famille, qui vivait avec sa femme et ses trois enfants dans un confortable appartement de la Cité du Vatican.
Des psychologues ont été chargés de l'examiner. Et leurs avis divergent. Selon un de ces rapports, il ne présente aucun signe de dérangement psychique majeur. Un autre conclut qu'il doit rendre compte de ses actes mais que c'est une personnalité socialement dangereuse, très influençable et susceptible de "commettre des actes qui pourraient mettre en danger soit lui-même, soit d'autres personnes".
Des tendances paranoïaques
Ce même document présente le majordome comme quelqu'un qui a "des idées de grandeur", qui cherche à attirer l'attention sur lui, un homme simple "à la personnalité fragile avec des tendances paranoïaques masquant un manque profond d'assurance.
Après les premiers vols de documents, ne trouvant pas la force d'arrêter, Paolo Gabriele avait d'ailleurs traversé une période difficile au cours de laquelle il s'était interrogé sur ses actes et s'était confié à plusieurs personnes, notamment à un homme qu'il présente comme son père spirituel, désigné seulement sous la lettre "B" dans l'acte d'accusation.
Arrêté en mai dans l'enquête sur le "VatiLeaks", il a affirmé aux enquêteurs avoir agi pour le bien de l'Eglise, se considérant comme "un agent de l'Esprit Saint" en lutte contre "le mal et la corruption partout dans l'Eglise". Il voulait, dit-il, "créer un choc, peut-être en utilisant les médias, qui aurait été salutaire et aurait remis l'Eglise sur la bonne voie".