Pflimlin se met les journalistes à dos

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Aurélie Frex (avec AFP) , modifié à
Le patron de France Télé a provoqué un tollé en critiquant Mediapart sur l’affaire Bettencourt.

Le nouveau patron de France Télévisions a déjà sa rédaction à dos. Le syndicat national des journalistes et la société des journalistes de France 2 se sont désolidarisés, après des propos critiques envers Mediapart.

Tout commence jeudi. Rémy Pflimlin intervient dans le cadre d’une rencontre au Club de la presse de Strasbourg. Interrogé sur le traitement de l’affaire Bettencourt par le site Mediapart, qui a contribué à faire connaître l’affaire, il répond en ces termes : "Je pense que l'affaire dont tu parles peut sortir et probablement de façon plus sérieuse et moins émotionnelle, moins manipulatrice et moins publicitaire que sur Mediapart sur les médias comme les nôtres, et de façon plus respectueuse aussi".

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Il a également critiqué le travail des journalistes web : "Plus gros je sortirai sur le net, et plus ça sera repris, et plus je pourrai dire que je serai bien indépendant (…) c’est typiquement ce que je souhaite éviter".

La rédaction "se désolidarise"

La vidéo a été publiée vendredi sur Youtube, provoquant un véritable tollé chez les journalistes de Mediapart, mais aussi à la rédaction de France 2. "On se désolidarise de ses propos, on espère tout simplement que c’est une maladresse, la Société des journalistes ne partage pas l’avis de M. Pflimlin sur notre travail et sur nos confrères du site Mediapart", a lancé Loïc de la Mornais, président de la société des journalistes de France Télévisions.

Du côté du Syndicat national des journalistes (SDJ), on s’inquiète de cette prise de position de Rémy Pflimlin, "un mois à peine" après son entrée en fonction. "Le nouveau PDG de France Télévisions veut-il donner raison à ceux qui affirment que son mode de nomination et de récusation par l'Elysée risque d'aliéner son indépendance ?", écrit le syndicat dans un communiqué, diffusé vendredi. "Ses accusations, mettant en cause le sérieux et l'honnêteté de l'enquête des journalistes de Mediapart qui ont révélé une grande partie de l'affaire Woerth-Bettencourt, ne peuvent qu'inquiéter", estime-t-on.

De son côté, Edwy Plenel, fondateur et président de Mediapart a jugé les propos de M. Pflimlin, premier président de France Télévisions nommé par le président de la République, "sans aucun fondement" et "insultant pour tous les journalistes web". Selon lui, cela « montre que la procédure de nomination par le président de la République a des conséquences sur sa liberté, sur son intelligence, sur sa compétence". "C’est une caricature de ce que j'appelle le journalisme de gouvernement", a-t-il enfin lancé, interrogé par Le Post.