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Frédéric Michel / Crédit photo : Valery HACHE / AFP (Illustration) , modifié à
Thierry Vimal, qui a perdu sa fille Amie, 12 ans, lors de l'attentat du 14-Juillet à Nice, explique sur Europe 1 ce qu'il attend de ce procès en appel, où seront de nouveau jugés deux proches du terroriste. S'il espère voir levées "les zones d'ombres" autour des deux accusés, il attend d'autres réponses, notamment sur la question des prélèvements d'organes sur les victimes.

Ce lundi s'ouvre le procès en appel de deux proches de l'auteur de l'attentat du 14-Juillet à Nice, dans lequel 86 personnes, dont une quinzaine d'enfants, ont perdu la vie. Le 14 juillet 2016, juste après le feu d'artifice, le terroriste islamiste Mohamed Lahouaiej Bouhlel a semé la terreur à bord d'un camion de location de 19 tonnes, avant d'être abattu par la police. Deux hommes condamnés en première instance à 18 ans de réclusion criminelle, Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud, proches du terroriste, comparaissent devant la cour d’assises spéciale, après avoir fait appel de leur condamnation.

Un nouveau moment difficile et décisif pour les familles des victimes. Parmi eux, Thierry Vimal, qui a perdu sa fille, Amie, 12 ans, lors de cette nuit tragique. Comme en première instance, il va assister au procès, qui devrait durer près de deux mois. Europe 1 l'a rencontré.

Un moment difficile pour les familles, "parce qu'on va revoir les accusés, ça ne fait jamais plaisir. On va se rappeler les faits, on va écouter des témoignages, on va livrer le nôtre si on a envie... Ce sont des moments très durs, et en même temps, ce sont des temps où on va vivre sur ça. Les gens, même les Niçois, sont passés à autre chose, nous on est un peu seuls là-dedans et on se dit qu'il va y avoir plusieurs semaines qui vont être centrées là-dessus. On ne va parler que de ça, on va éclaircir des points, on va discuter dans la salle d'audience et autour. Ce sont paradoxalement des moments qui font du bien", explique Thierry Vimal.

La "deuxième affaire" des prélèvements d'organes

D'autant qu'il attend de nombreuses réponses, notamment sur la question des prélèvements d'organes réalisés sur 14 victimes de l'attentat. "J'attends ce débat sur les prélèvements d'organes secrets de la médecine légale, qui a prélevé des organes sur 14 corps, n'a pas prévenu les familles et a mis ces organes sous scellés dans l'Institut médico-légal de Nice. C'est une grosse histoire. Je n'ai pas fini d'inhumer ma fille, je dois récupérer son cœur, son cerveau, qui ne sont plus identifiables par des tests ADN tellement ça a été abimé. C'est une deuxième affaire qui vient derrière", regrette le père de la petite Amie.

Quant aux accusés, "il y a des zones d'ombres", explique Thierry Vimal. "Mon intime conviction est faite sur Monsieur Ghraieb, qui selon moi, par rapport à un certain nombre d'éléments, au ressenti, à la manière dont j'ai vu les choses, est clairement coupable et mérite les 18 ans de réclusion criminelle. Mais je suis plus réservé sur Monsieur Chafroud, je ne comprends pas très bien, pour moi c'est quelqu'un qui n'est pas très malin".

Mais quoi qu'il en soit, Thierry Vimal tient à être présent lors de cette nouvelle étape. "Vivre ces procès, c'est rendre hommage, c'est un devoir. On entend tout le monde pour essayer de savoir quelle est la vérité. Ce que je peux faire pour la mémoire de ma fille, c'est suivre ça au plus près pour essayer de comprendre", souligne-t-il au micro d'Europe 1.

D'autant que ce procès en appel pourrait ne pas être le dernier : l'instruction sur le dispositif de sécurité du soir de l'attentat doit désormais être menée par le tribunal judiciaire de Marseille.