Les légendes sont tenaces. Surtout en publicité. Voici quarante ans que Madame Michu règne parmi les cibles publicitaires. Lancée dans les années 70 par le publicitaire Claude Marti, la célèbre représentante de la ménagère de moins de 50 ans est pourtant en train de vaciller, détrônée par une certaine Madame Dugenou, invoquée fin mai par Nicolas Sarkozy et mercredi par François Hollande.
Inventée par Sarkozy, reprise par Hollande
Le patronyme Dugenou serait né dans un bon mot de Nicolas Sarkozy et de ses lieutenants de l’UMP, assurent Le JDDet Le Parisien. Le président aurait ainsi lâché : quand je dirai que "j’en ai parlé à Obama, Hollande lui dira qu’il a vu ça avec Gérard Dugenou, ramasseur de champignons en Corrèze".
Reste que Gérard Dugenou avait visiblement une femme, puisque c’est Madame Dugenou qu’invoquera François Hollande, fin mai sur France Inter, puis mercredi dans les colonnes du Parisienpour un retour sonné à l’envoyeur.
"Nicolas Sarkozy s'est moqué en disant qu'il rencontrait Barack Obama et François Hollande, Madame Dugenou. Eh bien, oui, mon rôle en ce moment, c'est de convaincre Madame Dugenou", s’est indigné, dans le quotidien, le candidat à la candidature socialiste pour 2012.
Quelques heures plus tard, c'est au tour du ministre délégué aux Affaires européennes, Laurent Wauquiez, d'incanter Madame Dugenou pour ironiser sur la stature de présidentiable de François Hollande. "C'est donc ça l'ambition d'un président "normal" : faire voter Mme Dugenou", écrit-il sur le réseau social Twitter.
Un fantasme pour sortir du fantasme
Pour résumer donc : en l’espace de quinze jours, Madame Dugenou s’est directement installée dans le hit-parade du débat présidentiel. Mais qui est-elle réellement ? Sans doute, la nouvelle incarnation de Madame Michu.
Comme elle serait une représentation supposée de la ménagère "moyenne", "notion sociologique fumeuse que l'on invoque régulièrement en réunion au nom d'un souci de justesse et de vérité (…) elle est un pur fantasme censé nous permettre de sortir du fantasme", écrivait, en 2009, Nicolas Chemla dans Stratégies Magazines.