Ils avaient longuement occupé l’espace médiatique pendant l’été, s’épanchant sur leurs thèmes de prédilection : l’insécurité et l’immigration. Mardi, la Droite populaire, collectif co-fondé au sein de l'UMP par le ministre Thierry Mariani et le député Lionnel Luca, a décidé de s’inscrire de nouveau à l’agenda politique, présentant tout un programme pour 2012.
La démarche de ces députés ancrés à la droite de la droite et décriés jusque dans les rangs de l'UMP a toutefois connu un petit raté : le texte devait initialement être présenté la semaine prochaine. Mais la bourde d'un membre du collectif, qui l'a publié, par erreur, lundi soir sur son blog, a poussé la Droite pop' à avancer sa sortie.
Des "conseils" plus qu’un programme
Taxation des riches, suppression du CDD mais CDI plus flexible, fin du collège unique, lutte contre la fraude : les propositions des 42 députés du groupe sont larges. Ils souhaitent, par exemple, valoriser les enseignements "fondamentaux" à l’école - lire, écrire, compter. Ils s'attaquent aussi à la fiscalité, proposant le maintien d'une taxe sur les revenus supérieurs à 250.000 euros par an, une nouvelle tranche d'impôt sur le revenu à 45% et la soumission des revenus du capital (dividendes, plus-values immobilières...) au même barème.
Au final, toutes ces mesures "font un peu figure de fourre-tout", analyse, sur Europe1.fr, Gaël Brustier, auteur de Voyage au bout de la droite. "Ils revendiquent le bon sens, plus qu'ils ne présentent un véritable programme", ajoute le spécialiste de l’histoire politique de la droite, proche du PS.
En somme, "ils sont dans le conseil, plus que dans l’action". Pour preuve : ils parlent de fiscalité, mais pas de la situation financière mondiale. "Ils sont déconnectés… trois crans en-dessous de la réalité économique", estime Gaël Brustier. Le collectif de la Droite populaire "essaie, en fait, de construire le corpus doctrinal d’une droite qui en est privée depuis plusieurs années", poursuit-il. Bref, "ces députés cherchent à peser dans les tractations qui s’ouvrent à droite, à l’approche de la campagne présidentielle".
Fond de commerce : immigration et sécurité
Sur l'immigration, thème favori de la Droite populaire, les quarante députés reprennent des propositions qu'il avaient déjà annoncées et pour lesquelles l'UMP ne les a jamais rappelés à l'ordre. Ils souhaitent supprimer toute subvention aux associations venant en aide aux sans-papiers, pour qui "l'assistance" serait limitée au "strict minimum vital". Ils proposent également restreindre le regroupement familial et rendre possible le non renouvellement du titre de séjour pour un étranger condamné à au moins un an de prison.
Enfin, pour mieux lutter contre la fraude sociale, la Droite populaire propose un "registre national centralisé" des allocataires sociaux, comme le réclamait Thierry Mariani cet été, mais aussi la création d'une "carte de sécurité sociale sécurisée".
Ces propositions constituent la "marotte" de ce collectif. "Il n’y a rien de bien nouveau, dans ces solutions 'sécuritaires' ", décrypte Gaël Brustier. Les membres de la droite pop’, Christian Vanneste (Nord), Thierry Mariani (Vaucluse), Lionnel Luca (Alpes-Maritimes) sont issus de régions où la droite a perdu du terrain face au Front National. "Cette posture sécuritaire, c’est donc, avant tout, pour tenter de conserver leur électorat en région", analyse l’auteur.
Tentative "inutile" de braconnage sur les terres FN
"C’est effectivement une énième tentative de braconnage sur les terres du FN", renchérit Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême-droite. A l’approche de la présidentielle, "l’UMP semble oublier que cette démarche ne fonctionne pas. La droite traditionnelle ne peut tout bonnement pas aller aussi loin que le Front national. Il y a des lignes jaunes sur lesquelles elle bute. Elle ne peut pas, comme Marine Le Pen, prétendre vouloir inverser les flux migratoires ou rétablir la peine de mort", ajoute-t-il, estimant que la droite ne récupérera pas ainsi des électeurs frontistes.
Du côté du FN, la réponse n’a pas tardé. Dans une vidéo mise en ligne sur le site de son parti, Marine Le Pen a ainsi décliné ses propres mesures de lutte contre la fraude sociale, en ironisant sur les "montagnes de promesses" de la Droite populaire, "cette agence de publicité mensongère".