La "bourde" du Premier ministre a déclenché une levée de boucliers. Le Parti socialiste ainsi que le Front national ont vivement réagi après que François Fillon s'est dit "étonné" de l'incarcération de Patrice de Maistre dans l'affaire Bettencourt.
Le Premier ministre a donné sa opinion sur les derniers développements de cette affaire, marquée il y a une semaine par le placement en détention provisoire de Patrice de Maistre pour des délits présumés d'abus de faiblesse et d'abus de confiance peut-être liés au financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. "Ce que je peux remarquer, c'est qu'il y a quand même des coïncidences : à chaque fois que François Hollande est un peu en difficulté dans les sondages, on trouve de nouvelles affaires qui naissent ou réapparaissent", a souligné le Premier ministre sur France Inter.
"Aujourd'hui, on nous sort de nouveau l'affaire Bettencourt, sans que jamais le début du commencement d'une preuve n'ait été apporté", a-t-il enchaîné, dénonçant des "méthodes qui à (son) avis ne tromperont pas les Français".
"Maîtriser son langage"
Quelques minutes plus tard, le Premier ministre a reconnu avoir "immédiatement regretté la phrase prononcée". Un rétropédalage en règle. "J'ai des opinions personnelles mais je suis Premier ministre et je suis garant aussi du bon fonctionnement des institutions judiciaires et je retire cette phrase", a expliqué François Fillon.
Malgré ces regrets, les réserves initiales ont fait réagir François Hollande. En marge d'un déplacement à Montpellier, le candidat socialiste a estimé qu'un Premier ministre, "comme un président de la République, devait maîtriser son langage" et que les responsables au pouvoir devaient "laisser la justice travailler en toute indépendance". "Il y a effectivement des suspicions, il ne m'appartient pas ici de donner la direction de ces investigations", a-t-il ajouté.
"Hollande a du mal à trouver le ton"
Un lien entre l'affaire Bettencourt et l'élection présidentielle déjà clairement établi, la veille, par la porte-parole du président-candidat, Nathalie Kosciusko-Morizet. "Il faudrait faire un parallèle intéressant (…) entre la résurgence dans les médias des tentatives de faire le lien entre Nicolas Sarkozy et les différentes affaires politico-financières et les sondages. Depuis quelques jours (….), François Hollande a du mal à trouver le ton", avait-t-elle expliqué.
"Les inquiétudes du pouvoir"
Le Font national a également déploré les déclarations de François Fillon alors qu'une affaire judiciaire est toujours en cours. "L'attitude du Premier ministre est scandaleuse", a déclaré le conseiller justice de Marine Le Pen, Wallerand de Saint Just dans un communiqué. "En tant que Premier ministre, il ne peut ainsi remettre en cause une décision de justice. En tant que Premier ministre, il a interdiction de tenter de peser sur le fonctionnement de la justice, surtout lorsqu'il s'agit d'une affaire qui touche d'aussi près son candidat Nicolas Sarkozy qui est aussi président de la République".
Le responsable FN a estimé aussi que "prétendre, comme il l'a fait, que le juge d'instruction agit pour favoriser François Hollande est inadmissible et en dit long sur l'opinion que le Premier ministre peut avoir du fonctionnement de la justice", avant d'y voir un signe politique : "cela en dit long aussi sur les inquiétudes du pouvoir".