Jean-Marc Ayrault joue gros. Pressenti comme l’un des Premiers ministres potentiels de François Hollande, l’ancien président du groupe PS à l’Assemblée a été rattrapé jeudi par une condamnation, exhumée par un groupe Facebook, "Non au PS" qui, comme son nom l’indique, est hostile à la gauche, et relayée mercredi par lexpress.fr. Alors jeudi, le député-maire de Nantes s’est défendu. "Honnête homme je suis, honnête homme je resterai", a-t-il affirmé.
"C'était il y a 15 ans"
En 1997, Jean-Marc Ayrault avait été condamné à six mois de prison avec sursis pour favoritisme. L’élu avait été sanctionné pour n’avoir pas mis en concurrence l’appel d’offre de l’impression du bulletin municipal, Nantes Passion, et l’avoir octroyé d’office à Daniel Nedzela, homme d'affaires proche du PS. "Ma probité personnelle n'a jamais été mise en cause. Il n'a jamais été question d'enrichissement personnel ou de financement politique", a rappelé jeudi Jean-Marc Ayrault.
"C'est une affaire qui ne me concernait pas intuitu personae mais que j'ai assumée en tant que maire", a insisté Jean-Marc Ayrault. "C'était il y a 15 ans. Je n'ai jamais rien caché, surtout pas aux Nantais qui m'ont depuis réélu deux fois", a martelé celui qui dirige la ville depuis 1989.
A l’époque, Jean-Marc Ayrault avait plaidé la bonne foi, assurant être persuadé qu’un marché d’un aussi faible montant, six millions de francs par an (914.000 euros), ne tombait pas sous le coup de la loi. Il s’était d’ailleurs contenté de la sanction. "Le tribunal a considéré que les faits étaient constitués sur le plan juridique, mais qu'au-delà de cette faute technique, au plan moral, rien n'était contraire à l'honneur", assurait à l’époque son avocat, Me Yvon Chotard. "Nous avions trouvé modérées les réquisitions faites à l'audience. La peine est inattendue, parce qu'elle les double, mais six mois avec sursis, c'est presque d'ordre symbolique", avait-il estimé.
Hamon à la rescousse
Plus tôt dans la journée, Benoît Hamon, avait estimé que cette condamnation n'était pas de nature à empêcher une éventuelle nomination de son camarade à Matignon. "D'abord, ce n'est pas une affaire d'enrichissement. Il y a eu une condamnation, elle est très ancienne", a répondu le porte-parole du Parti socialiste interrogé sur le sujet. "Quand on a été condamné, quand on est passé au-delà, je pense que cela ne doit pas être retenu comme un argument", a-t-il ajouté.
N’empêche. Pendant sa campagne, François Hollande a beaucoup misé sur la moralisation de la vie politique, notamment en affirmant qu’il ne nommerait pas au gouvernement une personnalité ayant subi une condamnation par le passé. Le cas de Jean-Marc Ayrault est certes ancien. Mais la droite a bonne mémoire.