N’en déplaise à certains élus de la majorité, la séance de recadrage opéré mardi par François Fillon était plus que justifiée pour François Baroin. "On a pris une claque. La vertu d’une claque en politique, c’est au moins de réveiller" a lancé le député-maire de Troyes, mercredi sur Europe 1.
A cinq jours du deuxième tour, l’objectif est clair : "Nous devons à la fois parler aux abstentionnistes (une partie de notre électorat n’est pas allé voter) et parler à ceux qui ont choisi de sanctionner le gouvernement en rejoignant le FN" a estimé l’ancien ministre de Jacques Chirac. "Faire comme si rien ne s’était passé" serait une erreur, selon lui. Et de rappeler qu’il s’agit du plus bas score de toute l’histoire de la droite parlementaire depuis trente ans.
Ne pas reproduire les mêmes erreurs
"Aux dernières élections régionales, en 2004, on avait commis la même erreur. A savoir "préparer l’entre deux tours comme si rien ne s’était passé", a t-il poursuivi. "A l’époque, François Fillon, qui était membre du gouvernement n’avait pas suivi la ligne et avait expliqué qu’il s’agissait d’un 21 avril à l’envers" (NDLR : les régionales de 2004). "Cela n’avait pas fait plaisir…. C’était pourtant un constat objectif de la situation électorale".
Un hommage appuyé à Juppé
"Il est important qu’on ait dans la majorité et pour nos électeurs la garantie de voix fortes et indépendantes" a ajouté François Baroin rendant un vibrant hommage à Alain Juppé, chiraquien comme lui. "Un homme qui avec beaucoup de lucidité et d’objectivité dit qu’au lendemain des élections, nous devrons définir un nouveau rythme, une nouvelle méthode et peut être un nouveau choix de réformes" a indiqué le député. Interrogé sur Europe 1, l’ancien Premier ministre a estimé, mardi, que ces régionales représentaient un "avertissement" pour la majorité et devaient conduire à un changement des calendriers et des processus en cours".
Une critique de Sarkozy
Le député de l'Aube a mis en cause "l'ouverture à gauche trop soulignée, trop prononcée, trop affirmée" conduite par le président de la République. "Ca fait des grands courants d'air à droite" et "notre électorat ne le supporte pas", a-t-il lancé.
Au sein de l’électorat de droite, "il y a un certain nombre de malaises qu’il faut entendre et écouter". "La France, c’est aussi la France des provinces, des préfectures, des territoires ruraux" a-t-il affirmé, dans une critique à peine déguisée à l’attention de Nicolas Sarkozy. Et de conclure : "Nous avons des messages à adresser aux professions libérales, aux médecins, aux avocats. Le président doit amorcer un virage".