Il s’est érigé en défenseur du nucléaire français. Eric Besson, ministre de l’Energie, s’est livré dimanche, lors du Grand Rendez-vous Europe 1/iTélé/Le Parisien-Aujourd’hui en France, à un véritable plaidoyer en faveur de l’atome. "Notre pays n’a pas autant d’atouts que cela aujourd’hui pour que nous puissions nous offrir le luxe de démanteler l’un des plus grands que nous ayons", a martelé le ministre.
Revenant sur la décision prise par le chef de l’Etat de poursuivre l’exploitation de la centrale nucléaire de Fessenheim, en Alsace, il l’a jugée "extrêmement cohérente", contrairement à la proposition de François Hollande de la fermer, une "décision électoraliste" selon Eric Besson. "S’il doit y avoir un réquisitoire c’est contre l’obscurantisme et contre le flou", le flou étant "très clairement François Hollande". "L’obscurantisme, c’est ceux qui disent non au nucléaire sans réfléchir une seule seconde à ce que ça représente comme atout pour la France".
"Terrible ambiguïté" de Hollande
Eric Besson a taclé le candidat socialiste, l’appelant à "sortir d’une terrible ambiguïté" sur le nucléaire. "A ceux qui sont partisans de la sortie du nucléaire, il dit : ‘j’ai décidé de fermer 24 réacteurs du 48 en 13 ans, donc vous voyez que j’engage la sortie du nucléaire’". "Aux autres on dit : ‘on va y aller modérément et doucement’", affirme le ministre. "Cela n’a rien de raisonnable, c’est destructeur pour l’industrie française, destructeur pour le pouvoir d’achat des français et pour la filière nucléaire française".
Le ministre de l’Energie est revenu sur le rapport "Energie 2050", rédigé par un comité d’experts et qui doit être présenté lundi matin. "La conclusion que j’en tire, c’est que ce serait un gâchis d’arrêter nos réacteurs à 40 ans", commente Eric Besson, affirmant que "tous les autres scénariis" étudiés par les experts "provoquent comme conséquences inéluctables une augmentation des prix de l’électricité et une destruction d’emplois". D’après lui, ce sont "2 millions d’emplois potentiels qui peuvent être impactés".
Le renouvelable, "cela coûte cher"
"Le comité de politique nucléaire réuni mercredi soir a très clairement décidé de demander à tous les opérateurs de se mettre en situation de prolonger la durée de vie de nos centrales nucléaires au-delà de 40 ans", a affirmé le ministre, détaillant les mesures envisagées et la gamme de réacteurs dont la France devrait se doter. "Nous aurons à l’avenir un réacteur de forte puissance, 1.600 MW, l’EPR, le plus sûr des réacteurs aujourd’hui en construction", indique Eric Besson. Un réacteur moins puissant est également envisagé, ainsi qu’une "étude de faisabilité sur la possibilité de lancer des réacteurs de faible puissance, à 300, 400 MW".
Eric Besson s’en est au passage pris aux énergies renouvelables. "Le renouvelable, c’est bien, il faut le défendre, mais cela coûte cher", a-t-il insisté, comparant de coût du nucléaire, à 45, voire 50 euros/MW, à celui de l’éolien offshore (120 à 130 euros/MW) ou du photovoltaïque (190 à 250 euros/MW). Avant de résumer : "plus nous augmentons l’énergie renouvelable, plus l’électricité coûte cher".