L’Ifop a mené une étude pour Marianne et Europe 1 sur les motivations des abstentionnistes à l’approche des élections cantonales. Les résultats de ce sondage tordent le cou à une idée reçue. Si des citoyens décident de ne pas se déplacer aux urnes, c’est d’abord parce qu’ils sont exigeants, plus que par dédain pour la chose publique.
Et si l’abstention promet de crever le plafond lors des cantonales des 20 et 27 mars, c’est d’abord parce que 59 % des personnes interrogées considèrent que ce scrutin ne sera important ni pour leur situation personnelle, ni pour celle de la France. Ils sont en revanche 68 % à penser que la prochaine élection présidentielle, scrutin où l’abstention est traditionnellement la plus basse, aura une importance sur leur situation personnelle.
"Un contexte politique dégradé, délétère"
A ce sentiment d’"A quoi bon", s’ajoute un manque de confiance dans les moyens des candidats. "On a une France très majoritairement potentiellement abstentionniste. Deux tiers des Français ne voient plus de différence entre la gauche et la droite. 90% estiment que ce sont les marchés financiers qui dirigent", analyse Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinions de l’Ifop, interrogé sur Europe 1.
"Il y a un contexte politique assez dégradé, assez délétère, et qui fait pourtant suite à un certain engouement des Français pour la politique", poursuit l’analyste. "On se souvient de (l’élection présidentielle de) 2007, avec près de 85 % de participation et des files d’attente pour aller s’inscrire jusqu’au dernier moment sur les listes électorales. S’en est suivie une certaine déception, tant à gauche à droite, qui devrait contribuer à alimenter le flot des abstentionnistes."
L’abstention aux alentours de 60% ?
Bien évidemment, ces raisons n’expliqueront pas à elles seules l’abstention record annoncée pour les cantonales. "Il y a des raisons techniques. Habituellement, les cantonales sont couplées avec d’autres élections, les municipales ou les régionales, qui intéressent davantage les Français. Ce ne sera pas le cas cette année", explique Jérôme Fourquet. "En outre, les attributions du conseil général sont mal connues."
Au final, l’abstention devrait largement dépasser les 50%, selon l’institut. L’abstention devrait concerner "au minimum un Français sur deux. Et on serait peut-être plus proche des 60% d’abstentionnistes, ce qui serait un record pour les cantonales", conclut l’analyste.