"A l'heure où nos concitoyens sont frappés par la crise, l'Etat doit, plus que jamais, faire preuve d'exemplarité". La lettre de Nicolas Sarkozy adressée lundi à François Fillon et portant sur la réduction du train de vie de l’Etat fait déjà grincer des dents, à droite comme à gauche. Avec une question : Nicolas Sarkozy applique t-il à l'Elysée les mesures drastiques formulées à l'encontre de ses ministres et secrétaires d'Etats ?
Un Airbus flambant neuf
Sur ses déplacements, Nicolas Sarkozy n'a pas prévu de donner l'exemple. Le président devrait en effet toujours circuler en voiture. Quant à ses déplacements à l’étranger, ils seront réalisés à partir du mois d'octobre à bord d’un flamboyant Airbus A330, qui remplaceront ses deux anciens A319.
Un achat de 180 millions d’euros, critiqué par son grand rival Dominique de Villepin. Sur France Inter, l'ancien Premier ministre a déploré que le chef de l'Etat ne participe pas à l'effort en renonçant à cet Airbus présidentiel commandé au début de son quinquennat.
Deux poids, deux mesures ?
D'autant que, sur le thème des déplacements, Nicolas Sarkozy a fixé de vraies priorités à ses ministres. Désormais, "les déplacements en avion des agents publics seront prohibés, dès lors qu'existe une liaison ferroviaire de moins de trois heures", précise, dans sa lettre, le chef de l’Etat. Par ailleurs, "10.000 voitures sur un parc automobile de 72.000 véhicules de service ou de fonction seront supprimés d'ici 2013".
Des logements conservés
Autre restriction en vue… sauf pour Nicolas Sarkozy et François Fillon. Alors que 7.000 logements de fonction seront supprimés dans les ministères d’ici à 2013, le chef de l’Etat et son Premier ministre gardent, eux, leurs résidences secondaires. La Lanterne, résidence investie de fait par le président depuis le début de son mandat et le fort de Brégançon ; le château de Rambouillet pour François Fillon.
Pas d'austérité sur le salaire
Jérome Cahuzac, président PS de la Commission des finances de l'Assemblée nationale, a déploré mardi que le président n'ait pas appliqué à son salaire la cure d'austérité qu'il demande à ses ministres. "Si Nicolas Sarkozy avait décidé de le baisser, cela aurait eu plus de sens" a-t-il relevé. En octobre 2007, l'Assemblée nationale avait porté le traitement du chef de l'Etat d'environ 7.000 euros à plus de 19.000 euros nets par mois, afin d'y inclure les "fonds spéciaux" utilisés par la présidence de la République jusqu'en 2002.
Des évènements symboliques supprimés
Reste deux mesures symboles : la garden-party n’aura pas lieu cette année. En 2009, la fête avait coûté la bagatelle de 750.000 euros. Même chasse au gaspillage affichée à l'égard des chasses présidentielles remplacées par de simples battues de régulation" du gibier. Economies réalisées ? 12.000 euros par an. "Un effet comique" selon Jérôme Cahuzac.