Ils seront 600. Quelque 600 journalistes dans les starting-blocks, avec un seul objectif : le faire parler. François Hollande se sait donc attendu. Par les journalistes et les Français, mais pas seulement. Quelques jours après la révélation dans Closer de sa prétendue liaison avec l’actrice Julie Gayet, le chef de l’Etat va donner sa grande conférence de presse de rentrée, mardi. Au programme, notamment : la clarification de ses vœux du 31 décembre, assimilés par beaucoup à un tournant libéral. Mais qu’en dit-on au-delà de nos frontières ?
>> Europe1.fr a demandé aux correspondants en France de la presse étrangère ce qu’ils attendent de cette conférence de presse.
"Les Allemands sont toujours très attentifs". Ils sont unanimes : le président doit clarifier son positionnement économique. "La France ne va pas très bien donc les Néerlandais veulent savoir comment il compte régler les problèmes. Le virage qu’il a pris lors de ses vœux nous intéresse, mais on attend d’en savoir plus : va-t-il baisser les impôts ? A-t-il une vision de l’Europe ?", explique ainsi Stéphane De Vries, correspondant de RTL News, une chaîne de télévision néerlandaise. Hans-Hagen Bremer, qui travaille pour le quotidien allemand Der Tagesspiegel, ne dit pas autre chose : "ce que j’attends de lui, c’est une clarification de la ligne économique avancée lors de ses vœux. Va-t-il être plus ouvert ? Plus libéral ? Les Allemands sont toujours très attentifs à ce que dit le président français, donc on l’attend."
"Y a-t-il un président dans l’avion ?" Les questions sont les mêmes vu d’Italie, mais à une différence près : dans la Botte, on s’inquiète de voir la France rejoindre "le groupes des pays méditerranéens en difficulté", et on espère qu’elle relèvera vite la tête, a expliqué à Europe1.fr Luisa Pace, qui vit à Paris depuis 22 ans et travaille notamment pour le journal italien la Valle dei Templi : "j’ai une seule question : y a-t-il un président dans l’avion ? Il doit préciser son cap économique, s’expliquer sur son échec en matière de chômage, car on ne comprend plus où va la France ! La France a toujours eu des problèmes, certes, mais là, c’est le flou le plus total." Et la journaliste d’estimer qu’ "il y a une attente énorme des Français, qui se sentent orphelins, y compris les électeurs de gauche."
"Quels présidents ou quels rois n’a pas eu de maitresse ?" Quant à "l’affaire Hollande-Gayet", elle n’a évidemment pas échappé à nos voisins, qui eux aussi en ont fait leurs choux gras. "Les Allemands, comme tout le monde, se posent des questions sur cette relation. Les journaux repoussent leurs limites donc nous n’avons pas pu passer outre cette histoire", se justifie Hans-Hagen Bremer. En Italie, habituée des frasques de Berlusconi, les révélations du magazine Closer ont presque fait sourire. "Quel président ou quel roi n’a pas eu de maitresse ? Le problème n’est pas d’en avoir une, mais de ne pas se faire attraper en ce moment, alors que les Français font la grimace. Il en va de son image et de celle du pays", juge Luisa Pace, pour qui François Hollande ne devrait même pas aborder le sujet afin de ne pas "parasiter ses annonces économiques".
Des journalistes sur le pied de guerre. Une chose est sûre, plusieurs rédactions ont décidé de renforcer leur dispositif après l'affaire Gayet. C'est le cas de la BBC. En mai, ils étaient deux. Cette fois, ils seront neuf. "Il faut être franc : tout ce que je veux traiter le président, le pacte de responsabilité, tout ça, on s’en fout, franchement", explique sans ambages Hugh Schofield, correspondant à Paris de la chaîne anglaise. "Il y a tellement de questions. Qu’est-ce que Trierweiler va faire ? Pourquoi on a attendu deux jours avant de notifier qu’elle était à l’hôpital ? Qui va être la Première dame ? L’aspect secret, pourquoi on ne dit rien ? C’est ça qui intrigue les Anglais." Idem pour le New York Times. "Ce n’est pas la chose la plus sérieuse mais on le fait quand même. C’est quand même quelque chose qui risque d’être important sur le plan politique", explique Scott Sayare, du bureau de Paris. "Avec Strauss-Kahn et ce qui s’est passé à New York, il y a un fantasme autour de la France, pays de l’amour et des tromperies."
"La conférence de presse, un exercice démodé". Aux Pays-Bas, plus que François Hollande, ce sont les médias qui sont dans le viseur de Stéphane De Vries : "le brouhaha et l’hypocrisie des médias français nous font rire. Tous les journaux disent qu’il faut respecter la vie privée du président…mais tous en parlent et ont relayé les photos !" Le journaliste néerlandais ne s’intéresse que très peu à "l’affaire", et de toute façon, c’est l’exercice en lui-même qui ne le passionne pas, ce qu’il avoue sans fard : "la conférence de presse du président telle qu’elle est organisée est un exercice démodé. Dans des pays ‘normaux’, le président s’explique une fois par semaine. Là, c’est un monologue, même si c’est un peu moins vrai avec François Hollande qu’avec Nicolas Sarkozy qui, lui, refusait carrément de nous répondre."
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