Jean-Pierre Chevènement ne mâche pas ses mots. Invité d'Europe 1, jeudi matin, l'ancien ministre de l'Intérieur est revenu sur l'assassinat de l'ancien avocat de Yvan Colonna, Antoine Sollacaro et a décrit une situation dramatique en Corse. "Il y a eu 99 homicides depuis 2008, 15 depuis le début de l’année. Nous sommes en présence de la zone la plus criminogène d’Europe ", a-t-il rappelé. "La Corse est une île à la dérive, dans laquelle la faiblesse des pouvoirs publics successifs a produit un phénomène étrange, avec l’hégémonie des idées détenue par les indépendantistes".
Jean-Pierre Chevènement n'a pas hésité à impliquer les médias publics dans cet état de fait. "La jeunesse est abandonnée à un endoctrinement, qui passe par tous les canaux de communication, France 3, radio France Frequenza Mora, rectorat, université : abandonnée à une propagande"."Quand on voit comment sont fait les programmes, on voit bien de quel côté penche France 3", a-t-il ensuite insisté. Bref, conclut l'ancien ministre : "les indépendantistes ont pignon sur rue".
"Le passé trouble" de Maître Sollacaro
Deux jours après le meurtre de l’avocat Antoine Sollacaro, Jean-Pierre Chevènement a, également, évoqué le passé trouble de la victime. "Maitre Sollacaro n’était pas seulement un ténor du barreau ajaccien, c’était aussi un militant nationaliste engagé, dont j’ai souvenir, en tant qu’ex-ministre de l’Intérieur, il était impliqué dans un certain nombre d’affaires", a affirmé l’ancien sénateur, sans donner plus de détail.
"Maitre Sollacaro était aussi l’ami d’Alain Orsoni, un des patrons du nationalisme corse. Dont le fils est cité par Le Monde comme étant une des figures du grand banditisme", a-t-il aussi rappelé. "Le nationalisme corse et le banditisme mafieux sont étroitement liés", a-t-il estimé.
Collusion entre élus
Enfin, Jean-Pierre Chevènement a insinué qu'une collusion existait entre les élus de l'assemblée territoriale. "Je mets en garde contre l’ouverture à nouveau du dossier institutionnel réclamé par le président de la collectivité de corse, qui gouverne l’île avec les nationalistes, comme ses prédécesseurs de droite, d’ailleurs", a-t-il prévenu. "Et j’aimerais que quand il y a des journées nationalistes à Corte, on ne voit pas se presser des élus UMP et PS."