"Est-ce que je peux devenir ministre des Finances ou bien prix Nobel d'Economie?", avait demandé, sans plaisanter, à ses camarades alors qu'il n'a pas encore 20 ans, Dominique Strauss-Kahn. Le "Monsieur économie" de la gauche, inculpé aux Etats-Unis dans une présumée affaire de mœurs, faisait figure depuis plusieurs mois de favori de la gauche pour la Présidentielle. Portrait d’un homme qui a souvent lutté conte une image de "gauche paillettes" et une réputation tenace de séducteur.
DSK, l’ambitieux
Né le 25 avril 1949 à Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, Dominique Strauss-Kahn, fils de militants de gauche, a affirmé très vite ses ambitions après une enfance passée en grande partie au soleil d'Agadir, au Maroc.
L'économie est le fil conducteur de sa carrière, pour laquelle il accumule les diplômes - HEC, Sciences-Po, licence en droit public, doctorat en économie. Auteur dans les années 1970 d'une thèse sur les inégalités de patrimoine, il disait alors vouloir "casser la machine à faire des pauvres".
Il s'est éloigné du marxisme au début des années 1970 pour épouser les thèses de Keynes, un réformiste qui prône l'intervention de l'Etat afin de réguler le capitalisme.
Une carrière politique au sein du PS
Il a adhéré en 1976 au Parti socialiste où il a été remarqué par François Mitterrand. A l'arrivée de la gauche au pouvoir, en 1981, il refuse d'entrer au cabinet du ministre des Finances, Jacques Delors, pour s'affirmer comme l'économiste en chef du PS, assumant le "tournant de la rigueur" en 1983 qui a permis de sauver la construction européenne et le futur euro.
Sa carrière d'élu ne commence qu'en 1986, lorsqu'il devient député au moment où le PS retrouve l'opposition. Après une première expérience ministérielle à l'Industrie et au Commerce extérieur de 1991 à 1993, il devient maire de Sarcelles en 1995, où son bilan sera salué.
Il réalise ensuite son rêve de jeunesse en 1997. Il obtient de Lionel Jospin un ministère de l'Economie et des Finances auquel sont rattachés tous les grands dossiers industriels et le Budget. Il met alors en place les 35 heures et les emplois jeunes.
L’affaire de la Mnef
La bonne étoile de l’économiste pâlit en 1999, année durant laquelle trois "affaires" l'accablent coup sur coup. Il démissionne alors de son ministère.
Mis en cause notamment dans l'affaire de la mutuelle étudiante Mnef, pour laquelle il a touché d'importants émoluments en échange de ses services d'avocat d'affaires, il connaît une traversée du désert où ses amis se comptent sur les doigts de la main, avant d'être complètement blanchi.
Retour grâce au FMI
Dominique Strauss-Kahn revient sur le devant de la scène politique en 2006, lorsqu'il présente sa candidature à la primaire présidentielle socialiste dont il sortira largement battu par Ségolène Royal, recueillant à peine 20% des suffrages militants.
C'est son ami Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg, qui va lui remettre le pied à l'étrier en proposant en 2007 son nom pour la direction général du FMI, brèche dans laquelle Nicolas Sarkozy s'engouffrera.
La crise financière de 2008 sera paradoxalement sa chance, permettant à ce père de quatre enfants, époux de la journaliste Anne Sinclair depuis 1991, de renforcer l'image du FMI : il est le premier à pousser les pays industrialisés à lancer d'importants plans de relance pour amortir la crise et a réussi à améliorer la représentation des pays émergents.