Julien Dray est nostalgique des années 1980-1990. Invité dimanche du Grand Rendez-vous Europe1/Le Parisien-Aujourd'hui en France, le député socialiste de l’Essonne a fait part de ses doutes sur la capacité de son parti à se rassembler en vue de 2012. Un problème de personnalité, selon lui. "Aujourd’hui, le PS n’est pas incarné par une personnalité incontestable. Il y a plusieurs leaders (…) du temps de François Mitterrand ou de Lionel Jospin, il y en avait un. Quand il y a plusieurs leaders, il y a forcément confusion et cacophonie", a t-il regretté.
Quand il y a plusieurs leaders, il y a forcément confusion" :
"Un processus des primaires qui dérape"
Le processus des primaires le laisse aussi sceptique. Au-delà des querelles internes sur l’avancée ou non du calendrier, Julien Dray estime qu’il faut les élargir au plus vite. "On est face à un processus des primaires qui dérape. Parce que les primaires, c’était pour avoir un candidat unitaire de la gauche. Aujourd’hui, on a des primaires qui deviennent un congrès du PS, donc ça n’intéresse personne". D’où la proposition émise par le conseiller régional d'Ile-de-France de les élargir "au sortir des élections cantonales afin de reprendre les discussions avec tous les partenaires traditionnels du PS".
Cette semaine, le principe même des primaires a été remis en cause au sein du parti. Le député du Doubs Pierre Moscovici, proche de Dominique Strauss-Kahn, a suggéré que le PS analyse leur pertinence ; le président de la région Paca Michel Vauzelle a, lui, lancé une pétition déjà signée par 17.000 personnes pour renoncer à "des primaires qui vont diviser". Des critiques balayées par la première secrétaire Martine Aubry, pour qui les primaires restent "bien sûr" utiles et sont l'occasion d'une "formidable mobilisation des Français".
"Marine Le Pen en dehors de la République"
Interrogée sur la percée, supposée ou réelle, de Marine Le Pen, Julien Dray n’a pas caché son exaspération sur le sujet. "Marine Le Pen réussit une très bonne performance médiatique. Pour autant, ca ne change pas la nature de ce qu’elle est : elle prône une politique qui tourne le dos au pacte républicain (…) Elle est en dehors de la République (...) Evidemment, elle n’est pas nazie mais ça ne la blanchit pas pour autant. Si elle était au pouvoir, elle mettrait les conditions d’une guerre civile en place", a jugé le député de l’Essonne. Et Julien Dray de conclure : "Il faut s’opposer fermement à Marine Le Pen et ne pas paniquer. C’est quand on panique qu’on lui donne de l’espace. Il faut l’affronter sur le fond car ce qu’elle propose est impraticable".