Le débat sur le nucléaire en France a connu un regain de tension jeudi. A l’origine, les déclarations d’Henri Proglio, qui assurait mercredi dans Le Parisien que la sortie du nucléaire coûterait 400 milliards d’euros. Le PDG d’EDF affirmait surtout qu’un tel processus menacerait un million d’emplois en France. Ces propos n’ont pas vraiment été du goût des écologistes. "C’est un menteur", a ainsi lancé Cécile Duflot jeudi sur Europe 1.
"Un mensonge éhonté" :
"Un million d'emplois dans le nucléaire, c'est un mensonge éhonté", a poursuivi la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, qui y voit la preuve que les partisans du nucléaire refusent le dialogue. "La stratégie du lobby pro-nucléaire français, c'est d'empêcher le débat, d'étouffer le débat, et de mentir", a-t-elle accusé.
Sur le chiffre de 40 milliards nécessaires pour démanteler les centrales, Cécile Duflot a en revanche reconnu que ce chiffre était "assez vrai". Mais avec une nuance de taille. "Ce qu'il oublie de dire, c'est que la poursuite du nucléaire, c'est 470 milliards d'euros. C'est bien plus cher. Sans compter le traitement des déchets pendant des dizaines et des dizaines d'années", a conclu la patronne des écologistes.
"Fatigués des calculs faits sur un coin de table"
La veillé déjà, Eva Joly avait elle aussi fustigé la sortie d’Henri Proglio. La candidate à la présidentielle a proposé aux syndicats du secteur une discussion par voie de communiqué. "Loin de ces caricatures, de ces manipulations, je souhaite rétablir des faits et engager avec vous l'avenir énergétique de notre pays. M. Proglio est d'une mauvaise foi terrible" et "trompe les salariés", écrit l’ancienne juge d’instruction.
Même courroux du côté des associations anti-nucléaire. "Concernant les 400.000 emplois directs et indirects, ces chiffres ne sont ni objectifs ni sérieux", a réagi Opale Crivello, porte-parole de Sortir du nucléaire, précisant que ces calculs "proviennent d'une étude financée par Areva". "Nous essayons d'être sérieux dans nos assertions et nos chiffres, et sommes fatigués des calculs faits sur un coin de table par le lobby", a-t-elle ajouté, rappelant par ailleurs "qu'on aura encore besoin longtemps des salariés du nucléaire" compte tenu des délais nécessaires à une éventuelle sortie et des opérations de démantèlement des centrales.