FN / UMP : des retraits, une polémique

Le FN a retiré une candidate en faveur d'un UMP dans les Pyrénées-Orientales.
Le FN a retiré une candidate en faveur d'un UMP dans les Pyrénées-Orientales. © MAXPPP
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LEGISLATIVES - Dans les Pyrénées-Orientales ou le Gard, les annonces se multiplient.

Officiellement, l'UMP et le FN n'ont conclu aucune alliance pour le second tour des législatives. Jean-François Copé a même rappelé la règle lundi : en cas de duel entre un candidat PS et un frontiste, pas question de choisir. Un "ni-ni" qui, dans certains cas, peut faire les bonnes affaires du Front national.

Marine Le Pen, elle, a appelé à faire battre ici ou là certains ténors UMP. Mais plusieurs candidats FN ont annoncé leur désistement en faveur d'un candidat UMP. Une forme de "réciprocité", explique Florian Philippot, porte-parole du parti d'extrême droite. Localement, l'UMP et le Front national commencent à se tendre la main.

L'UMP a ouvert le bal

C'est du camp UMP que le premier geste est venu. En la personne de Roland Chassain. Celui qui se définit "plus proche de Marine Le Pen que du PS", est arrivé troisième dans la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône dimanche soir. Il aurait pu se maintenir, mais le député Chassain a annoncé son retrait lundi. L'UMP avait pourtant demandé "formellement" à tous ses candidats "en situation de se maintenir de le faire".

Une décision qui profite directement à Valérie Laupies, la candidate du Front national. Pour le député UMP, l'objectif est clair : faire battre le socialiste Michel Vauzelle, "un député empêtré dans des affaires de justice depuis 30 ans", martèle Roland Chassain. Une prise de position inédite de la part d'un député UMP que relativise cependant la direction du parti. Si le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a condamné lundi la décision de Roland Chassain, il a toutefois invité à "ne pas s'arrêter" sur une circonscription. Roland Chassain "doit être exclu", a déclaré de son côté l'ex-Premier ministre François Fillon.

Dans le Gard, le député UMP sortant Etienne Mourrut, arrivé dimanche en troisième position dans la 2e circonscription du Gard, a un temps entretenu le suspense sur son éventuel retrait dans la triangulaire qui l'oppose au candidat du FN, Gilbert Collard et à la candidate socialiste Katy Guyot. Etienne Mourrut a finalement annoncé mardi qu'il se maintenait pour "porter haut et dignement les valeurs de la droite et du centre.

"Donnant-donnant"

Le Front national a donc décidé localement de retourner la politesse. Irina Kortanek, la candidate du Front national se désiste ainsi dans la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales, où la socialiste Toussainte Calabrese était bien placée face au député UMP sortant Fernand Siré, a annoncé mardi le numéro 2 du FN Louis Aliot.  

Lui aussi avait envisagé de se retirer au profit d'un UMP. Mais Gilles Caïtucoli, candidat dans la 3e circonscription du Gard, arrivé troisième derrière le PS et le sortant Jean-Marc Roubaud (UMP), se maintient finalement au second tour, selon les informations d'Europe 1. Gilles Caïtucoli avait posé une condition à son désistement : que le député UMP sortant Etienne Mourrut en fasse de même dans la deuxième circonscription, celle de Gilbert Collard. Mais Etienne Mourrut a décidé de se maintenir.

Dans le Vaucluse, Martine Furioli-Beaunier, candidate FN arrivée dimanche en 3e position dans la circonscription de Carpentras-Nord, a aussi décidé mardi de se retirer pour le second tour afin de "faire barrage à la gauche". Elle laisse ainsi le champ libre au deuxième tour à l'UMP Julien Aubert, arrivé second au premier tour, face au candidat PS Jean-François Lovisolo (35,27%). Cette position "correspond à la ligne du parti", mais est une décision individuelle: "Je n'ai pas besoin de demander, je suis avocate, je suis indépendante de caractère", a-t-elle dit. Quelques minutes après cette annonce, Marine Le Pen condamnait officiellement cette décision.

Éliminés, ils appellent à voter pour "l'autre droite"

Certains candidats, bien qu'éliminés au premier, conservent néanmoins une certaine aura et ont décidé de s'en servir en donnant des consignes de vote. Ainsi, en Eure-et-Loir, c'est un appel implicite que le FN a lancé sur son site Internet pour soutenir Jean-Pierre Gorges, candidat de l'UMP à Chartres opposé en duel au "socialo-communiste" David Lebon.

Dans la 9e circonscription de Loire-Atlantique, la FN Marguerite Lussaud a aussi appelé à voter pour l’UMP Philippe Boënnec, à la demande de celui-ci et avec l’accord de la hiérarchie du FN.

Guéant mérite un "petit encouragement"

Depuis quelques jours, plusieurs ténors de l'UMP multiplient les appels du pied à l'égard du Front national. C'est le cas de Nadine Morano, qui a appelé lundi les électeurs du FN à voter pour elle sur Europe 1. L'ex-ministre de l'Apprentissage, candidate en Meurthe-et-Moselle récidive dans un entretien au journal d'extrême droite Minute à paraître mercredi et dont elle fait la Une, avec cette citation : “A ce que je sache, le Front National n’est pas interdit par la République".

Côté FN, si Marine Le Pen a appelé lundi ses électeurs à faire battre huit personnalités de droite et de gauche, la présidente du FN sait se montrer indulgente avec certains UMP. Interrogée sur le cas de Claude Guéant, en ballottage dans les Hauts-de-Seine, la présidente du FN a ainsi estimé que l'ex-ministre de l'Intérieur méritait un "petit encouragement".