Roulement de tambours de la Garde républicaine et les députés debout dans l'Hémicycle, François Fillon a prononcé mercredi après-midi sa déclaration de politique générale. Dans une ambiance agitée, presque électrique : la majorité applaudissant à tout rompre, l'opposition n'hésitant pas à faire entendre ses critiques.
Les deux mains posées sur le pupitre, François Fillon s'est montré combatif dès le début de son discours, listant toutes les réformes déjà engagées, des universités aux retraites notamment. "De quoi pourrions-nous rougir ?", a-t-il lancé sous les hourras des députés UMP. Le Premier ministre avait croisé une première fois mercredi les élus de la majorité. A huis-clos, il leur avait glissé que ses principes directeurs seraient la "vérité", le "courage" et "l’espoir".
Gouverner sur le long terme. "Je crois à la durée, à la sérénité républicaine", a lancé François Fillon comme pour justifier sa confirmation à Matignon. Défendant les réformes déjà réalisées, il a martelé : "on ne s’excuse pas de son courage". "J'assume notre bilan", "l'élan de la réforme est intact", a-t-il insisté.
La rigueur reste de mise. "La crise n'est pas finie" même si la "reprise est amorcée", a reconnu François Fillon qui table sur une croissance "supérieure à 1,5% cette année". La maîtrise des dépenses publiques, la "rigueur budgétaire" reste donc la ligne directrice, avec la possibilité d'inscrire le principe de la maîtrise des finances publiques dans la Constitution. "La France ne dispose pas de trésors cachés" pour son budget, a insisté le Premier ministre qui a confirmé l'engagement de Nicolas Sarkozy : "il n'y aura pas de hausse d'impôts". En écho, un député de l’opposition a lancé depuis les rangs de l’hémicycle : "Le peuple a faim".
Le chantier de la dépendance. La dépendance, principal sujet de réforme annoncé par le Premier ministre, c’est un "sujet majeur, un sujet incontournable", a insisté François Fillon. Pas d’annonces précises dans l’immédiat, le locataire de Matignon a surtout insisté sur la méthode : la "concertation", insistant sur le rôle des partenaires sociaux, qui devront discuter "sans a priori ni préjugé".
Les chantiers de l’insécurité et de la justice. Citant les violences récentes à "Grenoble et à Marseille", François Fillon a rappelé que la lutte contre l’insécurité était "un défi moral, une chaîne de responsabilités, de civisme que nous devons ensemble reprendre". Taclant au passage le bilan de la gauche en la matière. Le Premier ministre a confirmé que la réforme de la garde à vue, un "projet ambitieux", était toujours d'actualité. Un large débat devrait par ailleurs être ouvert autour des liens entre la justice et la société, un débat qui devrait permettre de trancher par exemple la question des jurés d’assises populaires.
"Je refuse toute idée d'usure ou de pause", a conclu François Fillon. Le Premier ministre leur a demandé leur "confiance", pas leur "allégeance". Message reçu : quelques heures plus tard, l'Assemblée nationale votait la confiance au gouvernement Fillon III par 326 voix contre 226.