Clap de fin. François Fillon, qui restera l'unique Premier ministre du quinquennat de Nicolas Sarkozy, a remis jeudi la démission de son gouvernement au président sortant.
En cinq ans, les relations entre les deux hommes auront été compliquées, le Premier ministre devant lutter pied à pied contre l'omniprésidence de Nicolas Sarkozy. Europe1.fr revient sur les cinq ans de collaboration de ce couple au sommet de l’exécutif.
• Mai 2007, dans la même foulée que Sarkozy
Le 17 mai, un jour avant la nomination du gouvernement, Nicolas Sarkozy et François Fillon partagent une heure de jogging. "On va constituer une équipe très soudée, avec un président qui donne les impulsions et un Premier ministre chargé de la mise en oeuvre", promet le lendemain le tout nouveau Premier ministre.
• Août 2007, Sarkozy range Fillon au rang de "collaborateur"
"Le Premier ministre est un collaborateur. Le patron, c'est moi", assure Nicolas Sarkozy. "Il arrive à chacun de commettre des imprécisions de vocabulaire", commentera quelques jours plus tard, François Fillon, interrogé sur le sens de cette phrase.
• Septembre 2007, la France est "en faillite"
"Moi, je suis à la tête d'un Etat qui est en situation de faillite". En visite en Corse, le 21 septembre, François Fillon se fait des plus pessimistes sur l’avenir de la France. Il s’engage "à ramener le budget de l'Etat à l'équilibre avant la fin du quinquennat".
• 2007, une fin d’année difficile
Invitée de la matinale d’Europe 1, François Fillon laisse échapper une confidence : s’il ne va pas autant sur le terrain qu’il le souhaiterait, c’est que Nicolas Sarkozy "ne le veut pas". A bon entendeur.
• 2008, une année de tensions
Alors que la cote de popularité de Nicolas Sarkozy dégringole, celle de François Fillon reste au beau fixe. En février, un écart de 19 points, un record hors période de cohabitation, sépare les cotes des deux hommes. C’est dans ce contexte, que le climat se dégrade au sommet de l’exécutif. "Il y a des points de tension irréversibles" admet une source gouvernementale. "Pourquoi ils se détestent", titre alors L'Express.
• 2009, le camouflet de la taxe carbone
En septembre 2009, Nicolas Sarkozy désavoue publiquement son Premier ministre sur la taxe carbone. "Le Premier ministre est réduit au rang de simple collaborateur", réaffirme, la même année, Jean-Marc Ayrault, alors que François Fillon assiste en simple témoin à l'allocution du président devant le Parlement réuni en Congrès, une première sous la Ve.
• Janvier 2010, l’aveu
En janvier, un ouvrage dans lequel François Fillon affirme avoir envisagé de démissionner en septembre 2007, du fait de sa relation avec le président, puis à l'été 2008, pour raisons de santé sort en librairie. Le Premier ministre souffre alors énormément du dos. Quelques mois plus tard, il déclarera très clairement : "Nicolas Sarkozy n'a jamais été mon mentor".
• Novembre 2010, "Fillon garde Sarkozy"
En 2010, s’ouvre également le (trop) long épisode du remaniement. En juin d’abord, Nicolas Sarkozy annonce qu’il procédera à l’automne un remaniement. Durant l’été, François Fillon rejoint le président au Fort Brégançon. Le style décontracté - la fameuse veste "forestière"- relance les spéculations sur son départ.
Mais le 14 novembre, soutenu par les parlementaires UMP, François Fillon est reconduit. Le lendemain, Libération ironise : "Fillon garde Sarkozy".
• 2011, Fillon-Sarkozy de nouveau sur la même ligne
Les tensions entre les deux hommes s’atténuent. Evoquant la présidentielle de mai 2012, François Fillon assure que Nicolas Sarkozy, "non seulement est le seul, mais il est le meilleur candidat possible".
• 2012, départ main dans la main
A la fin du mandat, les relations entre Nicolas Sarkozy et François Fillon sont de nouveau au beau fixe. "Je suis fier d'avoir été son Premier ministre pendant cinq ans. L'Histoire lui rendra justice", lance François Fillon le soir de la défaite.
"Il n'y a pas eu de couple qui se soit aussi bien entendu dans la Ve République. On était différents. Heureusement qu'on était différents, les deux mêmes ça aurait été insupportable", lui répond Nicolas Sarkozy trois jours plus tard.