Fouquet’s : "Sarkozy est embarrassé"

Sarkozy regrette le Fouquet's, tout en le relativisant
Sarkozy regrette le Fouquet's, tout en le relativisant © REUTERS
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Hélène Favier et Fabienne Cosnay , modifié à
Bégaiements, choix des mots, deux spécialistes décodent  le mea culpa de Nicolas Sarkozy.

Nicolas Sarkozy qui bute sur les mots. La séquence est peu habituelle. Jeudi soir, sur France 2, le président candidat est au bord du bégaiement lorsqu'il évoque l'épisode du Fouquet's. "Si je…. franchement… Mais bien sûr, si c'était à refaire, je ne repartirais pas, reviendrais pas dans ce restaurant puisque ça a été vraiment le le 'feuilleton'", déclare t-il péniblement au 20h de David Pujadas.

Puis Nicolas Sarkozy se reprend et ne cherche plus ses mots. "J'aurai l'occasion d'en parler aux Français. Mais franchement, si après trois années de crise, cinq années de mandat, c'est la grave erreur qu'il faut que je confesse (...) quand je revois l'histoire de la Ve République, ce qui s'est passé avec un certain nombre de scandales retentissants, du Rainbow Warrior, de visites de chefs d'Etat français à des dictateurs, de réception de M. Jaruzelski ou de choses comme ça."

Pourquoi Nicolas Sarkozy a eu tant de mal à faire acte de contrition ? Patrick Levy-Waitz, consultant en stratégie et ressources humaines et auteur du livre Lapsus politicus et Jean-Pierre Winter, psychanalyste, auteur de Les hommes politiques sur le divan, décodent pour Europe1.fr son mea culpa.

Que se passe t-il quand Sarkozy cherche ses mots ?

Jean-Pierre Winter : "Nicolas Sarkozy est embarrassé par la question. En psychanalyse, on appelle cela 'une formation de compromis'. A l'évocation du Fouquet's, le président cherche ses mots comme s'il ne savait plus ce qu'il devait dire. C'est une forme de bégaiement mais ce n'est pas un lapsus. Il bute sur les mots parce qu'il cherche un compromis entre reconnaître son erreur sans trop faire amende honorable".

Patrick Levy-Waitz : "Evoquant l’épisode du Fouquet’s, Nicolas Sarkozy a verbalement eu du mal à faire œuvre de contrition. Le choix de ses mots est d’ailleurs évocateur : Nicolas Sarkozy commence par une litanie sur  les grands scandales de la Ve République, le Rainbow Warrior, Jaruzelski…Il est excessif sur le fond. Son bégaiement vient de là : ces excuses-regrets, le président-candidat estime qu’il n’a pas à les faire. Il évite de justesse le lapsus". 

Que nous dit Nicolas Sarkozy ?

Patrick Levy-Waitz : "Son bégaiement traduit une réticence à faire le job, tout en sachant que cela est quand même nécessaire. L’épisode du Fouquet’s ayant été largement commenté, on sait désormais que ce n’est pas son idée, mais celle de son épouse de l’époque, Cécilia. Nicolas Sarkozy vit donc comme une injustice d’avoir à s’excuser là-dessus. Il se place en victime, soumise par la pression populaire qui n’a pas digéré l’épisode. Ses conseillers le poussent à faire ce mea culpa depuis des semaines… Mais lui n'y croit pas".

Jean-Pierre Winter : "Nicolas Sarkozy semble reconnaître son erreur parce qu'électoralement, il doit le faire mais est-ce vraiment sa conviction ? Vu son embarras, on peut en douter.  Au fond, je ne suis pas sûr qu'il ait le sentiment d'avoir commis une erreur avec le Fouquet's."