La bataille n’est pas terminée entre la mairie Front national d’Hénin-Beaumont et le comité local de la Ligue des droits de l’Homme. Elle ne fait même probablement que commencer. Steeve Briois, le maire nouvellement élu de la ville du Pas-de-Calais, avait déjà coupé la subvention de 300 euros et privé l’association de son local, prêté gracieusement par la mairie depuis une dizaine d’années. Désormais, l’édile FN entend réclamer une somme importante pour loyers impayés.
La mairie réclame 36.000 euros. C’est pendant le conseil municipal de mercredi que l’adjoint aux finances, Jean-Richard Sulzer (photo), a lâché cette petite bombe. "M. le maire, je demande que vous entriez en procédure du recouvrement dû par cette association", a lancé l’élu frontiste selon La Voix du Nord."On peut évaluer le loyer à 600 € par mois en y incluant les charges, soit 72 000 euros sur dix ans, mais comme il y a prescription au-delà de cinq ans dans ce type de recouvrement, c’est 36 000 euros que vous devez émettre soit sur la section d’Hénin, soit sur la Ligue nationale ! Je vous invite d’ailleurs, s’il y a débat, à saisir le procureur financier!", a-t-il conclu en forme de menace.
Si le Front national se montre aussi inflexible, c'est qu'il n'a pas le choix, jure-t-il. Selon les adjoints de Steeve Briois, l’association a occupé pednant toutes ces années le local sans aucun document officiel, sans convention d’occupation gratuite. Du coup, la mairie aurait obligation de recouvrer cet argent public. Elle n’a pas le droit d’abandonner sa créance, expliquent les élus frontistes.
"Détruire un contre-pouvoir". Si la nouvelle municipalité d'Hénin-Beaumont s’est ainsi enflammé, c’est qu’elle avait été pris à partie quelques minutes auparavant précisément sur ses décisions concernant la LDH locale. L’élue écologiste d’opposition Marine Tondelier a accusé Steeve Briois de vouloir "détruire un contre-pouvoir" évoquant "un choix politique et délibéré". Réponse du maire FN : "Je veux remettre tout à plat ; votre système de copinage et de favoritisme, ça suffit !"
"Une espèce d’acharnement". Pour Pierre Tartakowsky (photo), le président de la LDH au niveau national, il s’agit bien d’une volonté politique. "Il y a une espèce d’acharnement qui confirme complètement que l’expulsion de la Ligue des droits de l’Homme d’Hénin s’inscrit dans un projet politique de harcèlement d’une association qui n’a pas cherché à faciliter la vie du Front national", a-t-il estimé, interrogé par Europe 1. "On a d’abord expulsé, maintenant on essaye de frapper au porte-monnaie. On attend la suite, mais nous ne nous laisserons évidemment pas faire", a-t-il prévenu.
L’homme a aussi affiché sa confiance. "Les arguments juridiques, nous les attendons avec sérénité", a assuré Pierre Tartakowsky. "Pour le moment, tout ça, c’est du bla-bla dans un conseil municipal. On verra, si plainte il y a, dans quels termes elle est formulée. Cette affaire m’a l’air très compliquée, et de toute façon, à mes yeux, c’est un écran de fumée qui vise à dissimuler le fait que le vrai projet, c’est de faire taire la Ligue des droits de l’Homme", a-t-il insisté. Une choses est sûre : la section locale de la LDH n'a pas les moyens, à elle seule, de payer la facture.
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