Le débat cathodique comme salut. Devancé par François Hollande au premier tour, Nicolas Sarkozy mise, pour se relancer, sur une (triple) confrontation directe avec son adversaire.
Dimanche, le soir même du premier tour de la présidentielle, le président-sortant a ainsi proposé d’organiser trois débats avant le second tour de la présidentielle, le 6 mai. Habituellement pourtant, les deux finalistes ne se rencontrent qu'une seule fois.
Fin de non-recevoir du côté Hollande
François Hollande a aussitôt rejeté cette proposition, estimant qu'il convenait de s'en tenir à un seul duel, "qui durera le temps qu'il faudra". Puis, "ce n'est pas parce qu'il a un mauvais résultat qu'on va changer l'organisation. Il fait partie des mauvais élèves qui disent : on doit changer l'organisation de l'épreuve", a asséné le socialiste.
En refusant ces débats, François Hollande prend toutefois le risque d’apparaître comme ayant peur de Nicolas Sarkozy. C’est d’ailleurs la ligne d’attaque adoptée par les ténors de l’UMP : François Hollande "a peur", a ainsi raillé Nathalie Kosciusko-Morizet.
Pour l’UMP, Hollande "a peur"
"Vous ne trouvez pas qu'il y a assez de problèmes et assez de sujets pour organiser deux ou trois débats?", s’est faussement interrogée la ministre de l'Ecologie.
"François Hollande n'a pas peur de ce débat, il l'attend", a rétorqué le directeur de campagne de François Hollande, Pierre Moscovici. "Ce n'est pas parce que vous vous affolez qu'on va changer les règles du jeu", a-t-il insisté, rappelant que sous la Ve République, il y avait toujours eu "un débat au deuxième tour", "sauf une fois", en 2002 lorsque Jacques Chirac avait refusé de croiser le fer avec l'autre finaliste, Jean-Marie Le Pen (FN).
Pour l’UMP, Jean-Pierre Raffarin, il est tout de même "assez étonnant" que le socialiste réfute les débats supplémentaires. François Hollande "n'a pas mis longtemps à fermer la porte" car "la crainte était forte chez lui", a assuré l'ex-Premier ministre.
Pas "d’oral de rattrape" pour Sarkozy
"Ca veut dire qu'il n'a pas grand chose à dire", a tranché l'ex-secrétaire d'Etat Rama Yade, pointant chez le député de Corrèze "hésitation, incompétence" et "manque de carrure". Un argument repris par David Douillet : "François Hollande a-t-il peur de montrer aux Français sa vraie personnalité, si bien expliquée par ses "amis" lors des primaires, ou redoute-t-il d'être interrogé sur son inaptitude à prendre les bonnes décisions, comme au Conseil général de Corrèze ?", a-t-il raillé dans un communiqué.
Mais, ces deux débats supplémentaires proposés par Nicolas Sarkozy ont "tout de l'oral de rattrapage" a estimé Vincent Peillon, chargé de l'éducation dans l'équipe du candidat PS François Hollande. "Nicolas Sarkozy pense encore qu'en occupant la télé -il l'a fait les deux premières années de son mandat-, il va faire réellement de la politique", a-t-il indiqué sur BFM TV.
Le débat Hollande-Sarkozy devrait vraisemblablement avoir lieu le 2 mai.